Pakistan : pas d’honneur dans le crime12/10/20162016Journal/medias/journalnumero/images/2016/10/2515.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Pakistan : pas d’honneur dans le crime

Le Parlement pakistanais a voté le 6 octobre une loi rendant effectives les condamnations des auteurs de crimes d’honneur.

Chaque année, dans ce pays de près de deux cents millions d’habitants, des centaines de femmes, un millier en 2015, sont assassinées par des hommes de leur famille, sous prétexte d’atteinte à l’honneur. Des femmes, parfois des fillettes, qui refusent un mariage forcé, s’enfuient, sont soupçonnées d’adultère ou veulent tout simplement choisir leur compagnon sont battues, torturées, assassinées par balle, pendaison, noyade, bûcher.

Deux cas ont eu les honneurs de la presse occidentale. Un père avait tiré une balle dans la tête de sa propre fille, puis l’avait jetée dans un fleuve. La malheureuse a survécu et témoigné, dans un film qui a fait le tour du monde. Au même moment, une vedette de la télévision a été étranglée par son propre frère. Ce dernier n’appréciait pas le mode de vie « trop libre » de sa sœur. La jeune fille en question, Quandeel Baloch, avait écrit quelques jours avant sa mort : « Je veux être une inspiration pour ces femmes qui sont dominées et maltraitées par le système. » Des femmes pakistanaises manifestaient en plusieurs occasions proclamant : « Il n’y a pas d’honneur dans le crime. »

Depuis 1991 et le début de l’application de la loi islamique à la sauce des intégristes religieux locaux, l’assassin impliqué dans un crime d’honneur ne risquait pas même un procès. Il suffisait pour cela que le père ou la mère de la victime lui pardonne, éventuellement contre argent comptant. En 2005, une première loi obligeait la justice à examiner les cas de crimes d’honneur. Mais les juges, sensibles aux pressions ou eux-mêmes réactionnaires, pouvaient suivre les parents et pardonner aux criminels. Ce sera impossible dorénavant, du moins si la loi est appliquée. Le pardon éventuel, c’est-à-dire le consentement de fait des parents, pourra certes éviter la peine de mort aux assassins, mais des peines de prison seront obligatoirement prononcées.

En revanche, ceux qui avaient livré les femmes aux assassins en légalisant le crime, ceux qui prospèrent sur la folie réactionnaire, ceux qui vivent de l’abrutissement des opprimés ne seront pas inquiétés. Ils restent à la tête de l’État que l’impérialisme britannique avait installé en quittant le pays et conservent le soutien des puissances occidentales, qui ont besoin d’eux pour faciliter le pillage du pays.

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