États-Unis : empoisonnement au plomb21/09/20162016Journal/medias/journalnumero/images/2016/09/2512.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

États-Unis : empoisonnement au plomb

Dans la ville d’Eastern Chicago, à quelques kilomètres de Chicago mais dans l’État de l’Indiana, les pouvoirs publics ont fait construire en 1972, au beau milieu d’une zone dédiée au raffinage et à la fonte du plomb, une grande cité logeant plus d’un millier d’habitants.

Elle a été construite sur le site d’une ancienne usine Anaconda travaillant le plomb et à proximité des installations de la compagnie USS Lead, dont la principale usine a fonctionné jusqu’en 1985 et qui a fini par se déclarer en faillite en 1987.

En 1992, la zone a été incluse dans un programme fédéral pour les zones fortement contaminées. C’est dire que depuis cette date les pouvoirs publics, qu’ils soient locaux ou fédéraux, n’ignoraient pas les dangers que courait la population. Mais ils se sont bien gardés de l’en avertir. La terre a été analysée ici ou là, remplacée là où la pollution se révéla la plus forte.

Finalement, en 2012, un vaste plan pour nettoyer la zone de toute la terre polluée était décidé sur le papier, mais les tests pour identifier les parties contaminées ne commencèrent qu’en novembre 2014 et ce n’est qu’en mai 2016 que l’agence fédérale de protection de l’environnement, l’EPA, dit avoir reçu les résultats de ces analyses, mettant en cause l’entreprise sous-traitante à qui le travail avait été confié. Les résultats révélaient des taux en plomb pouvant aller jusqu’à 30 fois le taux maximum considéré comme admissible pour les enfants, ainsi que des quantités dangereuses d’arsenic. Et, bien sûr, une partie de la population, dont un bon nombre d’enfants, souffre d’intoxication au plomb.

C’est seulement après avoir reçu les résultats que la priorité des responsables de l’EPA a été de « s’assurer que chaque résident ne creuse pas le sol et sait comment faire pour ne pas être en contact avec le sol ». En juin, l’EPA a recouvert le sol d’un paillis, puis a fait du porte-à-porte avec une notice d’information et a placé des affiches mettant les enfants en garde « Ne joue pas dans la saleté ou à côté des paillis ». L’EPA a même proposé comme mesure provisoire de nettoyer gratuitement à fond les habitations.

Mais début août les résidents apprenaient la décision du maire de raser la cité ainsi que l’école élémentaire tout récemment construite à proximité. La cité doit être vide d’ici fin novembre et les résidents, qui ont deux mois pour libérer les lieux, reçoivent les uns après les autres une petite aide au déménagement, bien insuffisante pour retrouver un logement !

Ainsi, pendant près d’un demi-siècle, les habitants ont été tenus dans l’ignorance des risques encourus et maintenant, du jour au lendemain, les autorités cherchent à s’en débarrasser au moindre coût.

Le gouverneur de l’Indiana, Mike Pence, n’est autre que le candidat républicain au poste de vice-président aux côtés de Trump. Il s’est bien gardé jusqu’à présent de se rendre auprès des habitants qui auraient sans doute des explications à lui demander et des revendications à formuler. Ils ont de quoi être révoltés de la façon dont ils sont traités.

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