Fête de l’Humanité : la recherche du candidat miracle14/09/20162016Journal/medias/journalnumero/images/2016/09/2511.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Fête de l’Humanité : la recherche du candidat miracle

Une assistance nombreuse et populaire était au rendez-vous de la fête de l’Humanité, à La Courneuve. Fraternité, partage d’un sentiment commun de rejet de la politique du PS au pouvoir, bons moments entre amis et concerts de qualité : les participants à ce week-end les ont certainement rencontrés sous le soleil de septembre. Mais les militants, les travailleurs, les jeunes qui cherchaient une réponse à leurs questions sur l’avenir du monde ouvrier, face aux attaques couplées du patronat et du gouvernement, seront restés insatisfaits.

Alors que les capitalistes sont à l’offensive, annonçant fermetures de sites, suppressions d’emplois et familles sur le carreau, le cirque électoral se met en place, à droite comme à gauche, et les ennemis des travailleurs fourbissent les petites phrases, dangereuses ou creuses, qui leur tiennent lieu d’arguments. Allait-on trouver, à la fête de l’Humanité, des prises de position claires, un programme de lutte pour la classe ouvrière ? Allait-on entendre des voix pour exprimer les urgences vitales pour le camp des travailleurs ?

Eh bien non, car l’urgence, selon une formule de Pierre Laurent du PCF, est à « construire un chemin commun », entre ceux, anciens ministres de la gauche gouvernementale ou proches de celle-ci, qui tentent de définir des stratégies pour ne pas affronter dispersés le premier tour de l’élection présidentielle, sans même parler du second. C’était la dominante du discours des orateurs vedettes de la fête. On a pu y entendre un Montebourg affirmer que « la finance n’est pas notre adversaire », une Cécile Duflot s’attaquer à « la production illimitée » qui serait la cause de « la troisième année la plus chaude de l’histoire de l’humanité », et préconiser « un président écologiste dans ce pays ».

Et puis l’ancien candidat commun du désormais défunt Front de gauche, Mélenchon, s’est présenté comme le candidat providentiel, jouant son va-tout en mars 2017… pour être élu. Se voulant rassembleur, il s’est dit écologiste, républicain, socialiste– mais tout de même pas communiste –, afin d’offrir un nom à ceux qui se sentent orphelins de candidat. Mais le plus grand dénominateur commun que Mélenchon affirme rechercher pour « tendre la main à tout le monde » ne dépasse pas le patriotisme économique. « La France doit être capable d’être autosuffisante sur tous les grands chapitres de la production et de ses besoins », a-t-il déclaré au mépris de toute réalité économique, qui a vu la production se mondialiser depuis des siècles. Le leader de la France insoumise, son nouveau mouvement, appelle d’ailleurs à sortir des traités européens. Et si son dada du moment porte sur les diverses façons d’accommoder le quinoa, son projet politique, servi le 9 septembre aux patrons invités aux assises du Produire français, n’a semble-t-il pas choqué ces messieurs.

À la direction du PCF, Pierre Laurent s’est obstiné à chercher « un scénario de convergence issu de toutes les familles de la gauche », quitte à sortir de ce que le journal du parti appelle « la logique obsédante de l’élection présidentielle » car, derrière cette échéance, Laurent souhaite « ouvrir le débat des législatives dès maintenant ». Cette préoccupation électoraliste, ce calcul visant à préserver quelques circonscriptions pour le PCF, alors que Mélenchon annonce déjà présenter 577 candidats, en dit long sur le choix que fait une fois de plus la direction de celui-ci : accrocher son wagon à un candidat faisant, peu ou prou, allégeance à la gauche gouvernementale, passée, présente ou future, dans l’espoir d’être payé en retour.

Il n’y a rien dans tout cela pour exprimer les intérêts des travailleurs. Comme si le mécontentement profond exprimé par des centaines de milliers d’entre eux, au long du mouvement contre la loi El Khomri, n’avait aucun droit à la parole.

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