Lactalis : recul devant la mobilisation des producteurs31/08/20162016Journal/medias/journalnumero/images/2016/09/2509.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Lactalis : recul devant la mobilisation des producteurs

Mardi 30 août, le groupe Besnier propriétaire de Lactalis, numéro 1 mondial de la collecte et de la transformation du lait, a finalement cédé devant la mobilisation des petits producteurs de lait. Alors que le groupe avait imposé grâce à sa position dominante une baisse continue du prix du lait pour arriver à ne le payer qu’à peine plus que 0,25 euro le litre, suite à l’accord conclu, il a accepté de le payer en août 0,28 euro le litre et d’augmenter progressivement son prix pour arriver à 0,30 euro le litre en décembre 2016. En échange, les blocages des centres de collecte et de production devraient cesser.

Ce recul, les producteurs le doivent à eux-mêmes, et surtout pas au gouvernement. En effet, Le Foll, le ministre de l’Agriculture, avait déclaré en début de semaine que, s’il était « moralement » du côté des producteurs, il était totalement impuissant, ajoutant : « Je n’ai même pas le numéro de téléphone du PDG de Lactalis. » Si le gouvernement est capable de légiférer sur tout, sur les milliards d’aides aux capitalistes, dont la famille Besnier est un digne représentant, sur la destruction des droits des salariés jusque dans le moindre détail, il était inconcevable pour lui d’entraver de quelque façon que ce soit la dictature d’un des grands groupes de l’industrie et du commerce.

Pourtant, dans cette chaîne qui va de la production à la consommation en passant par la transformation des produits de l’agriculture et de l’élevage, les producteurs, propriétaires ou pas de leur exploitation, sont sous la pression permanente des grands groupes capitalistes de l’industrie, de la finance et de la grande distribution toujours plus puissants. Ces groupes se moquent de savoir qui produit et dans quelles conditions, du moment que les prix d’achat imposés aux producteurs et les prix de vente affichés dans les rayons de la distribution leur permettent d’accroître leurs marges bénéficiaires. La fortune des propriétaires de Lactalis, Danone, Nestlé, Carrefour, Leclerc, Auchan et autres est à ce prix-là. Les capitalistes écrasent les prix à la production avec la même logique qu’ils exploitent leurs salariés, bloquent les salaires et vident les poches des consommateurs des classes populaires.

Au demeurant, le recul du groupe Besnier est tout relatif et ne va pas le mettre sur la paille, quand on sait que son patrimoine de 6,8 milliards d’euros place la famille au 13e rang des plus riches de France. D’autant que, il y a tout juste un an, la mobilisation précédente des producteurs avait abouti à un accord sur 0,34 euro le litre de lait payé aux producteurs, accord qui n’a jamais été respecté ni par Lactalis, ni par Danone, ni par les coopératives comme Sodiaal, ni par les centrales d’achat de la grande distribution...

Autant dire que, pour Lactalis et les autres capitalistes du lait, faire son beurre n’est pas une expression vaine.

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