Italie : catastrophe naturelle et incurie criminelle31/08/20162016Journal/medias/journalnumero/images/2016/09/2509.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Italie : catastrophe naturelle et incurie criminelle

292 morts, des centaines de blessés et un nombre indéterminé de disparus : tel est le dernier bilan du tremblement de terre qui a frappé, le 24 août, la région des villages d’Amatrice, Arquata et Accumoli, au centre de l’Italie.

À la jonction de plusieurs plaques tectoniques, l’Italie est une zone à risque, qui connaît périodiquement des secousses plus ou moins fortes, comme celle qui a provoqué, en 2009, la mort de plus de trois cents habitants de L’Aquila, non loin de la région frappée aujourd’hui.

Au lendemain du drame, le Premier ministre Renzi s’est empressé d’annoncer que son gouvernement garantissait la reconstruction suivant les normes antisismiques et que personne ne serait laissé de côté. La population a bien des raisons de douter de ces déclarations de bonne volonté. Ne serait-ce que parce que les tremblements de terre successifs, celui de L’Aquila il y a sept ans comme celui qui vient de se produire, montrent que même les constructions modernes sont de mauvaise qualité. Pour économiser, les normes antisismiques ne sont pas respectées et ces bâtiments ne résistent pas aux secousses. Ce fut le cas de la Maison des étudiants et de l’hôpital de L’Aquila et c’est le cas aujourd’hui de l’école d’Amatrice, dont la moitié de la structure s’est écroulée, alors qu’elle avait été rénovée en 2012 et était censée résister aux secousses sismiques.

Quant à la reconstruction, lors du tremblement de terre de L’Aquila, elle avait donné lieu à une véritable chasse à l’argent public de la part de promoteurs immobiliers plus ou moins véreux. Sept ans plus tard, la grande majorité des habitants de la ville sont toujours relogés dans des logements précaires, tandis que moins de 5 % du centre historique a été reconstruit.

Et ce ne sont pas les révélations récentes sur les détournements de fonds antisismiques qui vont rassurer les rescapés ayant tout perdu dans le tremblement de terre. Par exemple, après le séisme de 1997 en Ombrie, puis celui de L’Aquila, 84 millions d’euros avaient été débloqués, auxquels s’étaient ajoutés au fil des ans d’autres millions. Cet argent devait aider à la reconstruction des bâtiments, mais aussi d’infrastructures comme les routes et les ponts qui avaient cédé lors des secousses. Il s’avère qu’une grande partie de ces sommes n’a pas été utilisée, ou a été mal dépensée, détournée vers d’autres fins, voire détournée tout court dans certains cas.

Après le drame d’Amatrice, Renzi a plaidé pour le rassemblement national et l’union de tous autour des victimes. Toute la réalité, de l’incurie des constructeurs à la négligence dans l’entretien des centres historiques et des infrastructures, montre que la seule loi qui rassemble les politiciens et ceux dont ils servent les intérêts, c’est la loi du profit maximum.

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