Air France : un nouveau licenciement scandaleux10/08/20162016Journal/medias/journalnumero/images/2016/08/2506.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Air France : un nouveau licenciement scandaleux

La ministre du Travail, Myriam El Khomri, vient, malgré le refus de l’inspection du travail, d’autoriser le licenciement d’un délégué du personnel CGT des ateliers d’Air France à Roissy.

À la DM (ateliers de maintenance des avions) de Roissy, si la nouvelle n’a guère surpris ses camarades de travail, ceux-ci exprimaient tous leur indignation. Car ce licenciement s’ajoute à quatre autres prononcés à l’encontre de salariés, eux sans protection syndicale, qu’Air France a déjà jetés à la rue dans l’affaire dite de la chemise de son directeur des ressources humaines, en octobre 2015.

À l’époque, la direction venait d’annoncer la suppression de milliers d’emplois, dont de nombreux licenciements secs. Plus de 2 000 travailleurs des ateliers, du fret et d’autres secteurs avaient saisi l’occasion de la convocation d’un comité central d’entreprise pour aller demander des comptes aux représentants de la direction. Cette dernière, qui s’attendait à une explosion de colère, avait sauté sur l’occasion pour se présenter en victime et faire pleuvoir des sanctions, dont des mises à pied, sur des travailleurs pris au hasard.

Durant plusieurs jours, gouvernement, médias, Medef, droite et Front national avaient fait chorus, déversant leur haine de classe contre des ouvriers et techniciens qui refusaient de se laisser priver de leur emploi.

Dix mois plus tard, ce qui ne doit plus étonner grand monde, le gouvernement persiste et signe dans son soutien sans faille à un patron de combat. Et peu lui importe que ce patron, qui prive de leur gagne-pain cinq travailleurs et en a sanctionné lourdement trois fois plus, se fasse justice lui-même. Car si le procès qui doit se prononcer sur ces licenciements et sanctions n’a toujours pas eu lieu, la direction d’Air France a carte blanche pour faire sa propre justice, comme les seigneurs du Moyen-Âge. Et elle sait pouvoir compter sur l’absolution préalable du gouvernement, dont la ministre du Travail prétend, dans un communiqué, que « la faute reprochée est d’une gravité suffisante pour justifier du licenciement du salarié protégé ». Les juges qui vont examiner les faits d’ici quelques mois n’ont qu’à se le tenir pour dit : la justice de classe du patron et de la ministre a déjà tranché.

Voilà prévenus ceux qui voulaient croire qu’avec le départ cet été du PDG d’Air France-KLM, de Juniac, présenté comme inflexible, la direction allait sinon mettre de l’eau dans son vin, du moins mettre les formes dans ses attaques contre le personnel. Air France n’entend pas y renoncer. En tout cas, tant que le personnel de la compagnie ne l’y forcera pas.

La grève des pilotes en juin, puis celle des hôtesses et stewards fin juillet-début août, ont été un succès au niveau de la mobilisation. Elles ont montré que ces salariés n’étaient pas dupes des mensonges de la direction et refusaient de faire des sacrifices à n’en plus finir, dont le seul résultat est de doper les profits des actionnaires de la compagnie. Et la direction d’Air France sait bien que, parmi le reste du personnel, nombreux sont celles et ceux qui partagent cette façon de voir.

Alors, la direction multiplie les sanctions au moindre prétexte, et pas seulement dans « l’affaire de la chemise ». Elle voudrait faire peur de façon préventive qu’elle ne s’y prendrait pas autrement. Craint-elle, ce qu’elle n’aurait pas volé, de se retrouver non plus face au mécontentement de tel secteur ou telle corporation, mais face au refus de l’ensemble du personnel de laisser passer ses attaques contre les salaires, l’emploi et les conditions de travail ?

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