Garde nationale et discours sécuritaires : diversions réactionnaires03/08/20162016Journal/medias/journalnumero/images/2016/08/2505.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Garde nationale et discours sécuritaires : diversions réactionnaires

Relayé par son ministre de l’Intérieur, François Hollande a officialisé, après l’attentat de Saint-Étienne-du-Rouvray, la création d’une Garde nationale, proposition qu’il avait faite en novembre 2015 et ressortie après l’attentat de Nice. Il veut ajouter aux forces policières et militaires un corps de civils qui viendrait les renforcer.

Cette réserve opérationnelle existe déjà, et se compose essentiellement de retraités de la police ou de l’armée. Et il existe déjà un corps de volontaires qui participe à des entraînements. La proposition de Hollande se résume donc à porter le nombre total de ces « réservistes » de 28 000 à 40 000 pour l’armée, et à augmenter le nombre de ceux utilisés chaque jour pour aider aux surveillances diverses.

Une telle proposition n’empêchera pas les terroristes d’agir. Elle pourrait même permettre à des nervis d’extrême droite de s’entraîner sous une couverture officielle et, pour ceux d’entre eux qui seraient isolés, de tisser des liens dans des camps d’entraînement. Marion Maréchal-Le Pen a d’ailleurs saisi l’occasion d’attirer l’attention sur elle, se déclarant volontaire.

Valls, lui, s’est dépensé autour de la reconstruction de « l’islam de France ». Il affirme que les lieux de culte qui abritent les prédicateurs professant la haine et la violence sont et seront systématiquement fermés. Il a aussi affirmé qu’il voulait suspendre le financement des mosquées par des donateurs étrangers, pointant notamment les monarchies pétrolières du Golfe, avec lesquelles son gouvernement a pourtant organisé de très bonnes affaires pour les industriels français. Ce discours tend à présenter sous un jour religieux le terrorisme actuel, alors qu’il est lié en réalité à la politique internationale de la France et d’autres grandes puissances.

Au-delà de leurs aspects inopérants et réactionnaires, les déclarations de Hollande, de Valls et de Cazeneuve ont en commun de faire diversion. Elles occultent ce qui est aux origines des attentats et du djihadisme : la situation du Moyen-Orient qu’entretient la guerre à laquelle participe l’armée française. Et elles contribuent à maintenir une ambiance d’état de siège, ici en France, à justifier une union sacrée derrière ces interventions militaires et à escamoter les attaques antiouvrières que patronat et gouvernement multiplient.

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