Air France : une grève suivie03/08/20162016Journal/medias/journalnumero/images/2016/08/2505.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Air France : une grève suivie

Le personnel navigant commercial (PNC) d’Air France, c’est-à-dire les hôtesses et les stewards, a fait une semaine de grève, du 27 juillet au 2 août. Et cette grève s’est vue, dépassant visiblement ce à quoi s’attendait la direction de la compagnie.

En interne, Air France avait mobilisé ses cadres pour remplacer les grévistes, elle avait aussi fait appel à des volontaires parmi d’autres catégories de ses salariés. Bafouant ses propres textes, elle avait même supprimé une bonification sur les jours de congés pour les grévistes, en espérant que cela aurait un effet dissuasif. Mais, cela n’a pas suffi. Au point que, dans un communiqué interne à l’usage du personnel, elle a reconnu d’un ton désolé qu’il y avait aux alentours de 40 % de grévistes, soit bien plus que ce qu’elle a prétendu en public et fait répandre par les médias.

Les PNC avaient toutes les raisons de faire grève pour refuser ce que veut leur infliger la direction. Avec son plan Transform 2015, elle leur a déjà imposé 20 % de productivité en plus sur trois ans. Et dès novembre, elle comptait aggraver la chose avec son nouveau plan, Perform 2020 : il augmente les heures de vol imposées, réduit le nombre de PNC à bord des avions, ce qui accroît d’autant la charge de travail et la fatigue pour les équipages.

Et ce n’aurait été qu’un début. En effet, la direction ne veut garantir les conditions de l’accord, déjà très défavorable au personnel, conclu il y a trois ans que pour une durée de 17 mois – au lieu des trois, voire cinq ans que réclament les syndicats – et elle annonce d’ores et déjà qu’elle entend augmenter le nombre d’heures de travail de nuit et celui des rotations, réduire les temps de repos en escale entre deux vols. Tout ça, avec un salaire gelé depuis 2011.

La direction a dénoncé cette grève comme « menaçant la survie de l’entreprise », la présentant comme une « aberration en période estivale ». Des arguments déjà entendus quand les pilotes, eux, avaient envisagé une grève durant l’Euro de foot, car, pour un patron, ce n’est jamais le moment de se défendre contre ses attaques.

Les PNC n’ont pas été dupes de ce discours, d’autant que la compagnie annonce des centaines de millions de bénéfices pour 2016, malgré les contrecoups des attentats sur le volume des passagers du trafic aérien.

Cette grève a duré toute la semaine annoncée par le préavis, avec plus de 1 200 vols annulés. Elle a été suivie à 50 %, avec des pointes à 70 %, selon les syndicats, les salariés d’Air France sachant que leur meilleure arme est leur rôle indispensable au cœur du transport aérien. Et en l’occurrence, l’irresponsable vis-à-vis des passagers, c’est la direction, qui a préféré faire manquer leur vol à 250 000 de ses clients, plutôt que de renoncer à sa nouvelle offensive contre son personnel. L’irresponsable, c’est encore elle, quand elle fait voler des non-grévistes sans respecter leur temps de repos réglementaires, avec les risques que cela comporte pour les passagers. Sans oublier ce que cela impliquera pour eux si elle arrive à ses fins en continuant à réduire le personnel navigant commercial, à augmenter ses rotations, à réduire ses temps de repos, quand on sait que les PNC sont aussi chargés de la sécurité à bord des vols.

En plein été, hôtesses et stewards ont montré qu’ils étaient décidés à ne pas se laisser imposer de nouveaux sacrifices sans réagir. Tant mieux !

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