Compte pénibilité : patronat sans scrupule, gouvernement aux ordres29/06/20162016Journal/medias/journalnumero/images/2016/06/2500.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Compte pénibilité : patronat sans scrupule, gouvernement aux ordres

Le patronat aura jusqu’au bout tenté de bloquer le compte pénibilité, qui doit entrer totalement en application au 1er juillet. Pourtant, ce dispositif lui permet de continuer à employer des salariés dans des conditions susceptibles de réduire leur espérance de vie, ce qui est en soi scandaleux.

Mais à quelques jours de sa mise en application intégrale, le Medef demandait une fois de plus de modifier les textes, et l’Union professionnelle artisanale (UPA) un report d’une année.

Créé en janvier 2014, le compte pénibilité a été présenté alors comme une compensation à l’augmentation de la durée de cotisation nécessaire pour bénéficier d’une retraite à taux plein. Le gouvernement et la CFDT prétendaient qu’avec ce compte les travailleurs effectuant des travaux pénibles pourraient partir un peu plus tôt en retraite, grâce à des points accumulés.

Dès le début, le patronat a fait pression avec succès sur le gouvernement pour vider le dispositif de son contenu, déjà dérisoire. La fiche individuelle de pénibilité prévue à l’origine pour chaque salarié, et donc contrôlable par lui, a été remplacée par une simple déclaration des facteurs de pénibilité auxquels le travailleur est soumis. Les risques sont alors calculés à l’aide d’un référentiel élaboré par chaque branche d’activité, ce qui élimine tout risque de contestation. Le Medef et les organisations patronales avaient alors prétendu que les fiches de poste étaient trop compliquées à tenir pour les patrons, mais il s’avère aujourd’hui qu’une seule branche a daigné présenter son référentiel au ministère du Travail pour le faire homologuer.

L’entrée en vigueur du compte pénibilité a été sans cesse retardée sous la pression patronale. Quatre critères de pénibilité sont bien comptabilisés depuis le 1er janvier 2015 mais, pour les six autres, il aura donc fallu attendre le 1er juillet 2016. Il s’agit de l’exposition au bruit, aux postures pénibles, au port de charges lourdes, aux vibrations, aux agents chimiques et aux températures extrêmes. Les critères retenus sont tels qu’il est évident que personne ne devrait travailler dans ces conditions. Pour les températures extrêmes, par exemple, il faut que le salarié réalise 980 heures par an dans des températures inférieures à 5 degrés ou supérieures à 30 degrés pour gagner des points de pénibilité. Et le Medef ose encore se plaindre que c’est trop difficile à comptabiliser !

Le gouvernement donne au patronat un permis illimité de maltraiter ses salariés, mais le Medef proteste encore.

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