Total Carling : la direction condamnée pour l’explosion mortelle de 200915/06/20162016Journal/medias/journalnumero/images/2016/06/2498.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Total Carling : la direction condamnée pour l’explosion mortelle de 2009

Sept ans après l’explosion qui avait coûté la vie à deux ouvriers et en avait blessé six autres, le tribunal correctionnel de Sarreguemines vient de rendre son verdict : Total Petrochemicals a été condamné lundi 13 juin à 200 000 euros d’amende.

Claude Lebeau, à l’époque des faits, directeur de l’usine, située à Carling en Moselle, a pour sa part écopé d’un an de prison avec sursis et 20 000 euros d’amende. Cette condamnation, sept ans après le drame, ne rendra pas la vie aux deux jeunes ouvriers qui l’ont perdue en tentant de la gagner. Mais elle est une reconnaissance de la responsabilité de la direction qui avait volontairement désactivé un détecteur de flammes, un équipement de sécurité dont le fonctionnement aurait empêché l’explosion mortelle.

Depuis 1995, ce détecteur, dont le fonctionnement était jugé trop aléatoire, avait été shunté, mais Total « ne s’est préoccupé d’y remédier qu’à compter de [...] 2006 », a relevé le tribunal. Et encore, la solution de remplacement au détecteur de flamme n’a été trouvée qu’après l’accident.

Les juges ont ainsi dénoncé le fait que la direction ait sciemment dissimulé à l’autorité préfectorale que ces dispositifs avaient été contournés, « ce qui laisse dubitatif sur le niveau de sécurité de la plateforme classée Seveso seuil haut ». Le jugement souligne que, lorsque le site a bénéficié d’un investissement de 50 millions d’euros en 2007, « aucun centime n’a été consacré à la fiabilisation » des dispositifs de sécurité.

Dès le départ, la responsabilité de la direction était évidente pour tous. Mais l’affaire a traîné en justice pendant sept longues années. Finalement le tribunal a tranché : Total ne pouvait ignorer qu’il faisait courir un risque particulièrement grave d’explosion, ce qui a constitué une défaillance inadmissible.

Deux jeunes sont morts dans un drame qui aurait pu, qui aurait dû être évité, un drame provoqué par la course au profit, au mépris de la vie des travailleurs. Total a tout de suite annoncé qu’il fera appel, les familles des victimes n’en ont donc pas fini.

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