Salon de l’armement : la mort rapporte15/06/20162016Journal/medias/journalnumero/images/2016/06/2498.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Salon de l’armement : la mort rapporte

Eurosatory, le plus grand salon mondial de l’armement, s’est ouvert le 13 juin près de Paris.

Quelques dizaines de militants ont tenté de repeindre des chars en rouge pour protester contre cette industrie meurtrière, une des plus profitables au monde. C’est en effet une grande foire aux engins de mort de plus en plus sophistiqués, destinés à satisfaire des demandes qui vont croissant.

Ce qui fait le bonheur des multinationales de l’armement est simple : c’est la multiplication des conflits, en particulier au Moyen-Orient, en Ukraine, en Afrique, dans lesquels s’impliquent les dictateurs locaux et les grandes puissances, pour le plus grand malheur des populations locales.

Les États-Unis restent les premiers fournisseurs. Mais les patrons français du secteur exultent aussi. Qu’il s’agisse de groupes publics ou privés, DCNS, Thales, Safran, Dassault, etc., ils ont vu leurs carnets de commandes passer de 36 à 54 milliards de dollars. Rafale, frégate et missiles vendus à l’Égypte, avions de combat au Qatar, sous-marins à l’Australie : les exportations dopent le chiffre d’affaires.

Le ministre de la Défense, Le Drian, ne ménage pas sa peine pour démarcher les clients, parmi lesquels les pires dictatures comme le premier acheteur de la France, l’Arabie saoudite. Ce sont les véhicules blindés et les camions de Renault Trucks Défense qui, d’après Amnesty international, ont servi à écraser les manifestants en Égypte. C’est Thales qui perfectionne les instruments de surveillance des populations, d’espionnage des opposants.

Mais, bien qu’essentielles, les exportations ne sont pas les seules à soutenir l’activité des marchands de canons. Comme le dit le président de Safran, le nouveau contexte après les attentats ouvre des perspectives dans le domaine des missions de sécurité intérieure avec, par exemple, un plus grand développement des drones. Il insiste aussi sur l’intérêt des opérations extérieures qu’il faut ravitailler en matériel : en Afrique, l’armée française ne se contente pas de défendre les bénéfices et les intérêts de Bolloré ou autres exploiteurs du pays, elle enrichit les industriels de l’armement.

De nombreux commentateurs font l’éloge du très haut niveau de technicité atteint dans ce domaine. C’est bien là le drame. C’est à l’image de cette économie où on gaspille, pour des engins de destruction, une quantité de matière grise et de compétences qui pourraient être utiles à l’ensemble de la société, dans bien d’autres domaines.

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