Israël : l’état de guerre permanent15/06/20162016Journal/medias/journalnumero/images/2016/06/2498.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Israël : l’état de guerre permanent

Le 8 juin, deux jeunes Palestiniens ont ouvert le feu sur les clients d’un café de Tel-Aviv, dans un quartier populaire aux soirées animées, tuant quatre personnes et en blessant une dizaine d’autres.

Les auteurs de l’attentat sont originaires de Yatta, une ville de Cisjordanie occupée où s’entassent 60 000 habitants, au sud d’Hébron. Dans la nuit même, l’armée israélienne a bloqué la ville, se livrant à de multiples perquisitions et arrestations. La maison abritant la famille de l’un des tueurs a été également détruite, à la façon dont l’armée, à Gaza, détruit systématiquement à coups de missiles les habitations censées héberger des militants du Hamas.

Le Premier ministre Netanyahou a aussitôt annulé 83 000 permis de pénétrer en Israël qui avaient été accordés à des Palestiniens désireux de rendre visite à leur famille ou de se rendre sur l’esplanade des Mosquées pendant la période du ramadan. Les permis de travail allaient aussi être suspendus pour tous ceux qui portent le même nom que les auteurs de l’attentat, puis le ministre de la Défense Lieberman a annoncé que tous les points de passage depuis la Cisjordanie occupée et la bande de Gaza étaient totalement fermés. Leader du parti d’extrême droite Israel Beitenou, Lieberman a même ordonné théâtralement que le corps des Palestiniens tués au cours d’attentats anti-israéliens ne soient plus rendus à leur famille.

Quelques jours plus tard, nécessité économique oblige, le blocus était levé, le vice-ministre de la Défense commentant cependant de la sorte la décision de continuer de bloquer Yatta : « Un village au milieu duquel vivent des terroristes en paiera le prix. »

Mais le prix, la population palestinienne le paie depuis presque cinquante ans d’occupation de ses terres, politique appliquée successivement par des gouvernements de gauche ou de droite, à présent fortement mâtinés d’extrême droite, lui refusant tous le droit de vivre et travailler librement sur son propre sol, le droit d’avoir son propre État. Pire, la Cisjordanie est de plus en plus morcelée par des implantations continuelles dans les colonies, qui rendent irréaliste toute idée de continuité territoriale palestinienne, transformant les uns en détenus sous surveillance et les autres en geôliers. 82 nouvelles implantations viennent encore d’être annoncées dans la colonie de Har Houma, au sud-est de Jérusalem.

Le désespoir des jeunes de Cisjordanie, qui s’exprime depuis quelques mois par « l’intifada des couteaux », se nourrit de celui des Gazaouis, enfermés désormais dans une ville en ruine, constamment soumis à des privations, d’eau potable, d’électricité, d’emplois, parfois de nourriture, et périodiquement la cible d’attaques meurtrières de l’armée israélienne.

L’attaque du café de Tel-Aviv n’est pas le premier, et sans doute pas le dernier, d’une série de gestes fous, mais qui ne sont que le reflet de la guerre permanente que le pouvoir israélien livre aux Palestiniens, faisant des deux populations les victimes d’une guerre sans fin. Ceux qui, au sein de la population israélienne, osent s’opposer à cette politique deviennent d’ailleurs de plus en plus la cible d’un ostracisme haineux.

Avec le soutien plus ou moins franc des puissances occidentales, la politique du gouvernement israélien maintient ainsi 12 millions d’habitants dans une guerre permanente et sans issue.

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