Capitaux : nouvel accès de fièvre15/06/20162016Journal/medias/journalnumero/images/2016/06/2498.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Capitaux : nouvel accès de fièvre

Le référendum du 23 juin sur la sortie ou le maintien de la Grande-Bretagne dans l’Union européenne provoque une certaine nervosité chez les spéculateurs. L’incertitude du résultat et de ses conséquences rend ces messieurs fébriles.

L’euro va-t-il monter face à la livre sterling ? Les actions des entreprises qui commercent entre le continent et la Grande-Bretagne vont-elles chuter ? Ce sont des questions cruciales pour des gens qui cherchent à chaque instant le placement le plus rentable. Dans le doute, les Bourses ont donc des faiblesses et les capitaux affluent ces jours-ci vers des valeurs considérées comme sûres, de bons clients qui remboursent rubis sur l’ongle : les États occidentaux, qui empruntent chaque jour des sommes colossales aux capitalistes.

Une conséquence apparemment absurde est que certains États prennent maintenant des emprunts à des taux proches de zéro, battant des records historiques : le Japon, la Suisse, l’Allemagne mais aussi la France. Les capitalistes qui prêtent dans ces conditions perdent l’équivalent de l’inflation sur la période de leur prêt. Mais ils s’y résolvent en estimant que, au moins, les États emprunteurs garantiront la préservation de leur capital. Comme les grandes banques centrales (dont la BCE européenne) s’engagent à racheter ces prêts à tout moment, et ainsi à les reprendre à leur compte, les capitalistes prêteurs se disent qu’il sera bien temps de s’en débarrasser lorsque l’horizon de la spéculation se sera éclairci. En attendant, l’agence de notation Fitch estime que plus de 10 000 milliards de dollars sont actuellement prêtés à des États à des taux négatifs.

Faire varier le prix du pétrole de 115 dollars à moins de 30 dollars le baril entre juin 2014 et janvier 2016, provoquer des famines en spéculant sur le prix des céréales, perdre de l’argent pour avoir le droit de mettre ses capitaux en sécurité en les prêtant à des États : il serait vain de chercher un sens économique à ces évolutions, ni une logique autre que celle de la recherche du profit à court terme et du chacun-pour-soi. Le malheur est que c’est justement cette folie qui décide de la marche de l’économie, donc des conditions de vie de milliards d’hommes.

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