Brésil : la suspension de Dilma Rousseff18/05/20162016Journal/medias/journalnumero/images/2016/05/LO2494.JPG.445x577_q85_box-0%2C24%2C312%2C429_crop_detail.jpg

Dans le monde

Brésil : la suspension de Dilma Rousseff

Depuis le vote du Sénat brésilien, dans la nuit du 11 au 12 mai, Dilma Rousseff est suspendue de sa fonction de présidente de la République. Les sénateurs doivent maintenant instruire son procès et décider dans les six mois sa destitution ou sa réintégration.

On approche donc de la fin de ce long feuilleton commencé mi-2015, quelques mois après le début de son deuxième mandat à la tête de l’État. Mais, si la destitution de Dilma Rousseff est très probable, elle est loin de résoudre les problèmes qui l’ont provoquée.

L’accusation faite à Dilma Rousseff est d’avoir maquillé le budget pour réduire le déficit déclaré. Mais ce n’est qu’un prétexte. Le procédé a été utilisé par tous ses prédécesseurs, et elle va payer en fait pour la crise économique et pour le discrédit de la classe politique. Après des années de prospérité, le pays a été rattrapé par la crise : recul de 4 % du produit intérieur brut, chômage à 10 %, inflation à 11 %. Rousseff, en tant que présidente, est pointée comme responsable. Quant à la question de la corruption des politiciens, le Parti des travailleurs (PT) de Lula et Rousseff, qui se présentait comme le parti de l’honnêteté, s’est révélé aussi corrompu que les autres. Rousseff ne pouvait l’ignorer, bien sûr. Et même si elle ne semble pas en avoir profité personnellement, elle paiera aussi pour ce qui est l’apanage de tous les politiciens bourgeois.

Les hommes de droite qui vont lui succéder, et dont beaucoup étaient jusque-là ses alliés au gouvernement, sont aussi corrompus que le PT, et ils sont bien incapables de résoudre les problèmes économiques brésiliens, et mondiaux. Sept de ses 23 ministres sont sous le coup d’enquêtes pour corruption. En matière économique, leur principal talent consiste à se remplir les poches. Le président par intérim, Michel Temer, est lui aussi accusé dans l’affaire Petrobras et jouit d’une popularité proche de zéro. Il est maintenant visé par les concerts de casseroles qui saluaient jusqu’ici les interventions de Rousseff à la télé.

Les travailleurs, eux, peuvent craindre que la politique antipopulaire du PT et de Rousseff se poursuive et s’aggrave. Ceux-ci ont effectué toutes sortes de réformes antiouvrières, contre les retraités, la santé, l’éducation. La droite ne va pas revenir dessus. Et elle a beau promettre de maintenir les quelques programmes sociaux qui ont soulagé les plus pauvres, le doute est légitime.

Les gouvernements formés depuis 2003 par le PT et les partis de gauche, alliés à une bonne partie de la droite, ont bien concédé quelques miettes aux couches les plus pauvres de la population, mais ils ont surtout servi la bourgeoisie, les grands propriétaires agricoles, les banquiers et les industriels. La droite qui leur succède sera elle aussi aux ordres des riches. Contre vraie droite et fausse gauche, les travailleurs devront se défendre.

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