Venezuela : le président chaviste menacé de destitution11/05/20162016Journal/medias/journalnumero/images/2016/05/2493.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Venezuela : le président chaviste menacé de destitution

Jeudi 28 avril, l’opposition de droite a accentué la pression sur le président Nicolas Maduro, qui a succédé à Hugo Chavez en 2013, en votant au Parlement une motion de défiance contre le ministre de l’Alimentation, accusé d’être à l’origine des pénuries du pays. La droite a également récolté près d’un million de signatures, cinq fois plus que celles requises, pour obtenir un référendum dont l’objectif serait de destituer le président.

Depuis des années, la droite cherche à écarter les chavistes du gouvernement. Elle a déjà tenté de destituer Hugo Chavez, sans succès. Mais aujourd’hui la dégradation de la situation économique et sociale du pays et la destitution en cours de Dilma Rousseff au Brésil lui donnent des ailes.

Depuis 2014, le régime subit les conséquences de la chute du prix du pétrole, qui assure 96 % des ressources du Venezuela. Les recettes de l’État ont été divisées par quatre et le pays se débat dans une situation de pénurie alimentaire et énergétique.

Le régime importe les produits de première nécessité et les médicaments, sans désormais avoir les moyens de payer. Les programmes sociaux, qui ont été les fondements du chavisme, ont du mal à se maintenir. Pour atténuer le manque de devises, la banque centrale fait tourner la planche à billets, ce qui fait flamber l’inflation, qui atteint 700 % l’an, quatre fois plus que l’an dernier.

Il y a aussi une pénurie d’électricité. Le gouvernement a dû instaurer des coupures quotidiennes de quelques heures dans les États les plus peuplés, sauf dans la capitale Caracas. Il a instauré un changement de fuseau horaire d’une demi-heure et institué de nouveaux jours fériés, pour réduire les dépenses.

Le secteur de l’électricité avait été nationalisé en 2007 mais, l’État étant à court d’argent, l’entretien du réseau et les investissements indispensables n’ont pas suivi. À ces difficultés économiques se sont ajoutées des données climatiques : la centrale hydroélectrique de Guri, qui fournit 70 % de l’énergie, se trouve à un niveau d’eau très bas depuis l’arrivée d’El Niño.

La rareté de l’énergie a d’autres conséquences. Les fonctionnaires ne travaillent désormais que deux jours par semaine. Les députés et employés n’ont pas été payés en avril. Les élèves, de la maternelle au lycée, n’ont plus cours le vendredi. Les hôtels et les gros commerçants doivent pourvoir eux-mêmes à leurs besoins en électricité neuf heures par jour. Les centres commerciaux ont donc réduit leurs horaires d’ouverture, engendrant des queues importantes et amenant de fortes tensions qui tournent parfois à l’émeute.

La droite tire à boulets rouges sur le régime : « Maduro, c’est les ténèbres » ou « La corruption nous a supprimé la lumière ». Comme si cette opposition, qui plonge ses racines dans la classe patronale, n’était pas elle-même corrompue et corruptrice ! L’opposition a le vent en poupe depuis qu’elle a remporté les élections législatives en décembre dernier, obligeant la présidence chaviste à composer avec une majorité qui veut le destituer. À quoi la présidence rétorque que la droite prépare un coup d’État.

Pendant treize ans, le régime de Hugo Chavez a fait face aux manœuvres de la droite et des possédants. Il avait affronté deux tentatives de coup d’État et une campagne de destitution. Il avait gardé la main en s’appuyant sur les classes populaires, dont le sort avait été incontestablement amélioré par ses programmes sociaux. Mais la situation actuelle lui a fait perdre une partie de ses soutiens.

L’opposition accuse les chavistes de ne pas avoir su diversifier l’économie pour la sortir de la monoactivité du pétrole. Mais tous les gouvernements qui les ont précédés n’ont pas agi différemment, à la seule différence que les chavistes ont choisi de réserver une partie de la rente à satisfaire quelques besoins élémentaires de la population. C’est cela qui, depuis seize ans, aiguise la hargne des classes riches contre les chavistes. C’est dire que le retour aux affaires de la droite ne pourrait que dégrader à nouveau la situation des classes populaires, même si ses porte-parole prétendent aujourd’hui le contraire. Elles doivent se préparer à se défendre, pour que leur situation ne soit pas ramenée en arrière.

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