SNCF : des grèves « carrées »… ou carrément la grève ?11/05/20162016Journal/medias/journalnumero/images/2016/05/2493.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

SNCF : des grèves « carrées »… ou carrément la grève ?

À la SNCF, pendant que gouvernement et patronat planifient les attaques, les fédérations syndicales s’activent à désorganiser toute riposte d’ensemble.

Côté patronal, il y a eu tout d’abord la publication d’un décret-socle ministériel, à la mi-février, remettant en cause la réglementation du travail dans la branche ferroviaire. Cela comprend, entre autres, la suppression de 10 à 21 jours de repos par an suivant les régimes de travail, la suppression des 52 repos doubles (deux jours consécutifs), l’allongement des amplitudes de travail. Il était évident pour les cheminots qu’une riposte devait suivre, d’autant que simultanément le projet de loi El Khomri promettait le démantèlement du Code du travail. Le succès de la première journée du 9 mars, quand plus de la moitié des cheminots étaient en grève, appelait donc une suite à la hauteur de l’enjeu.

Mais les directions syndicales ont tergiversé. Tandis que Sud-Rail appelait les cheminots à « contrôler les négociations », la CGT minimisait l’impact du décret-socle pour les cheminots et faisait mine de croire qu’elle allait obtenir, par la vertu de la négociation, une convention collective et un accord d’entreprise de « haut niveau ». Alors qu’elle avait le poids militant à la SNCF, dans un tel climat, pour organiser une grève reconductible, la CGT a au contraire appelé à des journées « carrées », c’est-à-dire non reconductibles, le 31 mars puis le 9 avril. Les cheminots étaient encore appelés le 26 avril à faire grève, l’avant-veille du 28 avril, journée interprofessionnelle. Enfin, la CGT appelait le 10 mai, sans avoir déposé de préavis de grève, à une manifestation nationale, deux jours avant une nouvelle journée contre la loi El Khomri, toujours sans précision sur la suite.

L’effet de ces journées est démoralisant et démobilisateur. Du coup, le patronat du ferroviaire, la direction SNCF et le gouvernement ont continué à dérouler leurs plans, avec une convention collective et un accord d’entreprise qui parachèvent l’attaque contre les droits des travailleurs des transports.

Pourtant, les cheminots ne se résignent pas et continuent à répondre, même en traînant des pieds, à ces journées saute-mouton. Beaucoup, y compris dans les rangs de la CGT, manifestent leur incompréhension, voire leur colère devant cette dilution de la réaction, au mépris de la combativité des grévistes.

Mais rien n’est joué et il dépend toujours de la volonté des cheminots de refuser ce que direction et gouvernement leur préparent.

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