Salaires des patrons : avec ou sans loi, toujours à la hausse !11/05/20162016Journal/medias/journalnumero/images/2016/05/2493.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Salaires des patrons : avec ou sans loi, toujours à la hausse !

Critiquant la décision du conseil d’administration de Renault de valider d’augmenter le salaire de Carlos Ghosn de 7 à 7,3 millions d’euros, sans tenir compte de l’opposition de l’assemblée générale des actionnaires, Macron a demandé au PDG de Renault de « prendre ses responsabilités pour que, sur sa rémunération de 2016, les conséquences soient tirées de ce vote (…) sans quoi nous serions conduits à légiférer. »

Ce n’est pas la première fois que Macron agite cette menace, sans que cela soit suivi d’effet. En mars dernier, il avait condamné le doublement du salaire de Carlos Tavares, le patron de Peugeot, passé de 2,75 à 5,24 millions d’euros. Et en septembre 2015, à propos du bonus de 13,7 millions d’euros de Michel Combes, patron d’Alcatel-Lucent, il dénonçait : « Il y a de l’indécence, il se moque de nous. »

La seule mesure prise par le gouvernement avait concerné les dirigeants des entreprises publiques dont les rémunérations avaient été plafonnées en 2012 à 450 000 euros annuels, soit tout de même près de 25 années de smic ! Voilà ce que le gouvernement considère comme un salaire raisonnable… pour un patron. Mais il avait renoncé à encadrer les revenus des PDG des entreprises privées, sous prétexte que le Medef avait modifié son « code de bonne conduite », en prévoyant justement le vote des assemblées d’actionnaires sur la rémunération des patrons.

On vient de voir chez Renault que le conseil d’administration ne se sent pas obligé de respecter ce vote consultatif. D’ailleurs, les assemblées d’actionnaires se prononcent rarement contre les hauts salaires de leurs dirigeants, surtout si ceux-ci savent leur garantir les profits qu’ils attendent. Celle de Sanofi vient d’approuver le salaire d’Olivier Brandicourt, de 16,76 millions d’euros, soit 958 années de smic, le patron le mieux payé du CAC 40 en 2015.

Autant dire que les menaces de Macron ne feront pas beaucoup trembler Ghosn, ni aucun des patrons des grandes entreprises dont les gros salaires sont la récompense des profits, encore plus considérables, qu’ils assurent à leurs actionnaires. Elles permettent seulement à leur auteur de se présenter à bon compte comme un partisan d’une moralisation du capitalisme.

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