Contre la loi El Khomri et la politique antiouvrière du gouvernement11/05/20162016Journal/medias/journalarticle/images/2016/05/Une_2493_mani_C_LO.JPG.420x236_q85_box-0%2C42%2C800%2C491_crop_detail.jpg

Editorial

Contre la loi El Khomri et la politique antiouvrière du gouvernement

Illustration - Contre la loi El Khomri et la politique antiouvrière du gouvernement

Valls, craignant de ne pas avoir de majorité pour faire passer la loi El Khomri, a annoncé qu’il usera de l’article 49.3. Comme il l’a déjà fait pour la loi Macron, cela permettra à cette loi d’être adoptée sans vote du Parlement. Le gouvernement veut ainsi faire vite et passer en force.

L’écrasante majorité du monde du travail est hostile à cette loi. Depuis plus de deux mois, des centaines de milliers de travailleurs ont fait grève et manifesté pour la dénoncer. Les jeunes, les salariés des petites comme des grandes entreprises, les salariés du public comme du privé l’ont dit et redit : ils ne veulent pas de cette démolition du code du travail.

Le débat parlementaire de toute façon, n’aurait été qu’un faux-semblant. Mais le gouvernement s’est plaint des 5 000 amendements déposés. Il a dénoncé une obstruction des députés et il a le pouvoir d’imposer ce qu’il veut, y compris à la quarantaine de députés socialistes récalcitrants. Il ne s’agit pas d’arguments et de conviction, mais de pressions de l’appareil du PS et de chantage à l’investiture pour la députation de 2017, de façon à les dissuader de voter une motion de censure qui ferait tomber le gouvernement. La loi sera alors automatiquement adoptée.

Elle est belle, leur démocratie ! On nous dit que le peuple a le pouvoir et qu’il l’exerce en élisant le président de la République et les députés. On voit ce qu’il en est avec des députés qui sont pieds et poings liés au système. On voit ce qu’il en est, avec Hollande qui a mené une politique contraire de celle promise.

Et les mêmes s’apprêtent à nous faire un cinéma identique en 2017 !

Faut-il rappeler que Hollande avait fait du « dialogue social » sa marque de fabrique ? Eh bien voilà sa conception du dialogue social : passer en force, imposer une loi honnie par la grande majorité des travailleurs qui sont les premiers concernés.

On a là un avant-goût du dialogue social que cette loi est censée instaurer. Cette loi donnera la possibilité au patronat, sous couvert d’accords d’entreprise, d’allonger le temps de travail, de réglementer l’organisation des temps de repos ou de baisser la majoration des heures supplémentaires.

Et le patronat n’aura pas besoin de vote, ni même de 49.3 : il lui suffira d’exercer son chantage à l’emploi et à la compétitivité. Il lui suffira d’exercer tout simplement le pouvoir qu’il a déjà sur les travailleurs.

Le patron du Medef continue à se plaindre que la première mouture de la loi le comblait davantage. Comme un enfant gâté, il pleurniche parce qu’il n’en a jamais assez. Il use de tous les moyens à sa disposition pour que le gouvernement obtempère à ses ordres.

Hollande et ses ministres nous répètent que « ça va mieux ». Mais ça va mieux pour qui ? La minorité capitaliste n’a jamais été à plaindre. Et si cela va encore mieux pour les marchands de canon et ces PDG qui se payent des rémunérations équivalentes à 200, 300 smic, cela empire pour le monde du travail.

Il faut que face au patronat les travailleurs fassent preuve de la même ténacité et qu’ils usent du seul moyen de pression qu’ils ont : la mobilisation collective. Les quelques reculs que le patronat déplore, par exemple sur le plafonnement des indemnités prud’homales ou sur les conditions de travail des apprentis, ont été obtenus grâce aux mobilisations.

Depuis le 9 mars, des dizaines, des centaines de milliers de travailleurs, de jeunes et de moins jeunes ont exprimé leur colère et montré leur volonté de se battre contre cette loi au travers de manifestations, de rassemblements, de débrayages, de grèves qui ont touché tout le pays. Le 12 mai, le 17 mai, le 19 mai, de nouvelles manifestations sont prévues. Il faut y participer massivement afin de répondre à la provocation que constitue le passage en force du gouvernement, et le seul langage que comprend le pouvoir, c’est le rapport de force.

Les travailleurs ont toutes les raisons de refuser que le gouvernement leur impose des reculs et des sacrifices supplémentaires. La colère du monde ouvrier s’accumule depuis quatre ans. Il est plus que temps de l’exprimer. La loi El Khomri est la loi des patrons. Même adoptée, avec ou sans article 49.3, elle peut être défaite par les manifestations, par les grèves, par la mobilisation des travailleurs dans les entreprises et dans la rue.

Le 11 mai 2016

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