Affaire Baupin : le sexisme bien ancré des politiques11/05/20162016Journal/medias/journalnumero/images/2016/05/2493.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Affaire Baupin : le sexisme bien ancré des politiques

Suite aux accusations de harcèlement et d’agressions sexuelles lancées par huit militantes contre Denis Baupin, la presse se répand sur ce qu’elle appelle la loi du silence à propos du comportement de certains hommes politiques vis-à-vis des femmes.

En effet, comme pour les affaires de Dominique Strauss-Kahn et les autres cas de viols ou d’accusations d’agression, les agissements inacceptables de Baupin étaient connus ou largement soupçonnés par les autres responsables politiques d’EELV (Europe écologie Les Verts). Mais tout le monde se taisait. Non seulement les femmes victimes de harcèlement osent rarement porter plainte, par crainte des pressions personnelles et, dans ce cas, des conséquences politiques. Mais en plus, une fois accusés, les hommes mis en cause arrivent assez souvent à bien se défendre.

Mais le problème est plus profond. Les milieux politiques sont, comme les milieux des dirigeants d’entreprise et comme tant d’autres, porteurs de tous les préjugés et habitudes sexistes qui entretiennent et favorisent les comportements inacceptables. Un conseiller EELV de Paris, Yves Contassot, l’a confessé benoîtement : « J’étais au courant que Denis avait un comportement disons un peu lourdingue avec les femmes, je n’avais pas idée qu’il allait aussi loin. » Parler ainsi d’un comportement sexiste, c’est tout simplement avouer sa tolérance, voire sa complaisance, considérer qu’il n’y a là rien de grave et que, finalement, on peut laisser les hommes agir avec leurs mauvaises façons. C’est d’ailleurs toujours le même couplet qui est servi aux femmes : « Il ne faut pas se formaliser de ces comportements. Ce sont des blagues pas graves, etc., etc. »

Évidemment, tous ceux qui tiennent ces propos ne défendent pas le harcèlement sexuel. Évidemment, il y a une différence entre les mots et l’agression. Mais bien des hommes politiques – et des femmes – ont beau voter des lois pour l’égalité entre les sexes, ils véhiculent les mêmes préjugés que toute la société, trouvant normaux le machisme affiché de certains, les blagues graveleuses, les réflexions sur le physique des femmes.

Il n’y a pas de loi du silence autour des cris et autres imbécillités qui accueillent souvent les femmes en jupe parlant à l’Assemblée nationale. Ils se manifestent ouvertement. Aucun responsable politique n’a jamais proposé de les sanctionner.

Un député Les Républicains, Pierre Lellouche, n’a pu s’empêcher d’afficher sa bêtise sexiste en déclarant à propos de cette affaire : « Je commente l’international, les choses sérieuses, pas les histoires de bonnes femmes. » S’il est aussi borné sur « l’international » – il se veut spécialiste des questions militaires – il est, en plus, dangereux.

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