Syrie : la reprise de la guerre03/05/20162016Journal/medias/journalnumero/images/2016/05/2492.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Syrie : la reprise de la guerre

Les combats qui ont repris à Alep, la deuxième ville de Syrie, ont fait plus de 250 morts dont au moins 49 enfants. Voilà la réalité des pourparlers de paix entre le pouvoir de Bachar al-Assad et l’opposition syrienne et leurs soutiens internationaux respectifs. Le cessez-le-feu instauré le 27 février n’aura guère été effectif.

Depuis 2015, les États-Unis voudraient mettre fin au conflit syrien, sur lequel ils n’ont plus prise, y compris en s’appuyant sur le régime d’Assad et ses alliés que sont les milices kurdes, l’Iran, le pouvoir irakien actuel, le Hezbollah libanais et la Russie venue à la rescousse du dictateur syrien. Depuis lors, le problème des États-Unis est de faire accepter ce tournant à leurs alliés traditionnels dans la région, la Turquie et les monarchies du Golfe comme l’Arabie saoudite et le Qatar qui, elles, voudraient à tout prix se débarrasser d’Assad.

De là viennent les contorsions de la diplomatie américaine qui dénonce formellement les interventions militaires russes et les offensives du régime contre l’opposition mais qui en fait préfère le laisser agir. Le dernier épisode militaire vient encore de l’illustrer. Vendredi 29 avril le porte-parole du gouvernement américain dénonçait le bombardement d’un hôpital d’Alep par les troupes d’Assad comme « la dernière atrocité commise apparemment par le régime ». Le même jour, le même gouvernement américain négociait avec la Russie un cessez-le-feu dans toute la Syrie sauf à Alep.

En réalité, à Alep, les deux camps s’étaient préparés au retour des hostilités. Les milices de l’opposition, dont les plus présentes sont l’Armée de l’islam et le groupe salafiste Ahrar al-Cham, ont profité de la trêve pour récupérer de leurs sponsors turcs et des monarchies du Golfe près de 2 000 tonnes d’armes. Les deux camps montrent le même mépris pour les populations civiles et les deux camps bombardent les hôpitaux. Le haut commissaire des Nations unies aux droits de l’homme a ainsi dénoncé une « indifférence monstrueuse pour les vies civiles de la part de toutes les parties au conflit ».

Cette « indifférence monstrueuse », la population syrienne en est victime depuis le début du conflit. Elle est victime des exactions de la dictature en place mais aussi de tous ces groupes armés qui se sont imposés au nom de la contestation du pouvoir d’Assad et dont l’État islamique est un des représentants. Elle est aussi victime des puissances régionales rivales qui ont fait de la Syrie leur champ de bataille. Elle l’est enfin des grandes puissances qui ont vu dans ce conflit une occasion de pousser leurs avantages dans cette région en soutenant tel ou tel camp, telle ou telle milice jusqu’à ce que la situation devienne un gigantesque chaos.

Aujourd’hui, les États-Unis, l’impérialisme dominant, essayent de se sortir de cette situation en pariant, avec l’appui de la Russie, sur le pouvoir d’Assad, alors même qu’ils avaient précédemment misé sur son écroulement. Si le conflit finit par se terminer, ce sera dans un pays dévasté, au prix de centaines de milliers de morts, de millions de réfugiés, victimes de tous ces calculs entrecroisés, dans une région où, par dictatures interposées, l’ordre impérialiste continuera de régner.

Partager