Manifestations : les violences montées en épingle03/05/20162016Journal/medias/journalarticle/images/2016/05/p4_Manif_1er_mai_01_C_LO_0.jpg.420x236_q85_box-0%2C42%2C800%2C491_crop_detail.jpg

Leur société

Manifestations : les violences montées en épingle

Rendant compte des dernières manifestations contre la loi El Khomri, les médias ont consacré l’essentiel de leur temps à souligner l’ampleur des affrontements entre la police et des bandes de casseurs.

Illustration - les violences montées en épingle

Le gouvernement en a rajouté, Cazeneuve insistant sur les 24 membres des forces de l’ordre blessés lors de la journée de mobilisation du 28 avril et Valls condamnant « avec force les violences d’une minorité d’irresponsables ».

Des affrontements ont bien eu lieu dans différentes villes devant les banderoles de tête, et plus souvent sur les lieux d’arrivée après la dispersion des cortèges. Mais ils n’ont été le fait que d’une fraction extrêmement marginale, quelques centaines d’individus tout au plus sur les dizaines de milliers de manifestants.

Derrière d’importants déploiements de CRS, et devant la tête des dernières manifestations, des regroupements se sont formés. Quelques jeunes y étaient présents, révoltés par les violences policières subies lors de rassemblements pacifiques et voulant en découdre, comme cet élève du lycée Bergson à Paris tabassé alors qu’il était tenu par des CRS. Le gouvernement a largement encouragé cette répression dont ont été victimes des manifestants défilant paisiblement, et qui a provoqué de nombreuses blessures, y compris la perte d’un œil chez un jeune de 20 ans à Rennes suite à un tir de flash-ball.

Mais, pour l’essentiel, les casseurs forment des groupes à part, organisés, masqués et équipés, n’ayant d’autre but que l’affrontement avec la police. Ils n’ont rien à voir ni avec les manifestants ni avec les objectifs qu’ils défendent. Ils servent de prétexte au gouvernement pour accentuer sa politique répressive. Ainsi, le soir du 1er mai à Paris, la police a profité du fait que certains casseurs s’étaient regroupés place de la République et lançaient des projectiles sur les gendarmes mobiles pour évacuer violemment toute la place où étaient rassemblés les sympathisants de Nuit debout.

Le gouvernement utilise ces affrontements pour mener campagne contre l’ensemble de ceux qui manifestent. Il a cherché d’abord à dissuader les travailleurs et les jeunes de se rendre aux divers rassemblements, amplifiant les risques encourus. Il a ensuite pris la posture d’un parti de l’ordre, voulant montrer à l’électorat réactionnaire sa fermeté contre la rue, en menaçant au passage l’ensemble des manifestants. Dans ses consignes données le 30 avril aux préfets, Cazeneuve leur demandait « d’interdire les parcours qui présentent des risques avérés ». Des peines de prison ferme ont commencé à être prononcées contre des manifestants interpellés.

Le gouvernement fait tout pour que la majorité des salariés voyant d’un bon œil les manifestations ne retienne plus que le côté violent, et oublie le contenu de la loi, qui vise à permettre au patronat de multiplier ses attaques contre l’ensemble du monde du travail.

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