États-Unis – Primaires : quel enjeu pour les travailleurs ?27/04/20162016Journal/medias/journalnumero/images/2016/04/2491.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

États-Unis – Primaires : quel enjeu pour les travailleurs ?

Les primaires organisées mardi 26 avril, dans plusieurs États de la côte Est, après celles qui ont eu lieu dans l’État de New York, ont largement confirmé l’avantage de Hillary Clinton et de Donald Trump dans leur parti respectif.

Du côté démocrate, Hillary Clinton creuse l’écart avec le sénateur du Vermont Bernie Sanders. Se définissant comme « socialiste », tonnant contre les politiciens de Washington et leur collusion avec les milieux d’affaires, partisan d’une « révolution politique », Sanders a acquis une image de candidat plus à gauche, notamment auprès des étudiants. Le soutenant dans leur grande majorité, ceux-ci sont sensibles à sa promesse d’un enseignement supérieur gratuit, dans un pays où les études universitaires sont chères, coûtant souvent plusieurs dizaines de milliers de dollars par an.

Sanders, un « socialiste » au lourd passé

Sanders a derrière lui une longue carrière politique, notamment au Sénat. Il a aussi voté 98 fois sur 100 avec les Démocrates, toutes choses qui rendent plus difficiles à cet homme, qui siège au Congrès depuis 25 ans, de passer pour un homme neuf.

Clinton est certes une candidate du « système » et de la bourgeoisie américaine. Une partie des milieux d’affaires et certaines grandes fortunes, comme le milliardaire conservateur Charles Koch, se rallient d’ores et déjà à sa candidature. Déjà candidate aux primaires de 2008, elle a dirigé comme secrétaire d’État d’Obama la politique de l’impérialisme américain, en Irak, en Afghanistan, en Libye, et partout ailleurs. Dans sa rivalité avec Sanders, elle peut compter sur une partie importante des voix des électeurs noirs. Là où Sanders, comme de nombreux politiciens démocrates, considère que leurs voix lui sont acquises, voire dues, Clinton a toujours pris soin de s’adresser spécifiquement à eux. Elle réclame par exemple que les lois pénales très répressives, qui condamnent à la prison des centaines de milliers de pauvres, donc en grande partie d’hommes noirs, soient assouplies, Elle oublie de dire que c’est en 1994, sous la présidence de son mari Bill Clinton que la législation – pour laquelle avait voté Sanders – fut ainsi durcie.

Chez les Républicains : comment écarter Trump ?

Du côté des Républicains, l’avance du magnat de l’immobilier se confirme. Trump est un politicien misogyne et raciste, jamais avare d’une tirade contre les immigrés ou les femmes. Il vient d’affirmer « si ­Hillary Clinton était un homme, je ne pense pas qu’elle obtiendrait 5 % des suffrages ». Trump ajoute à cela une certaine démagogie sur les difficultés des travailleurs et contre les délocalisations : les emplois, dit-il comme Sanders, doivent rester aux États-Unis. Il critique les banques « suceuses de sang » et les hommes d’affaires de Wall Street, les compagnies d’assurance qui rendent les soins médicaux hors de prix, et il s’oppose au démantèlement de la Sécurité sociale proposé par d’autres Républicains. Il a également attaqué Bush pour la guerre en Irak. Ce discours touche une partie des ouvriers blancs, tout en renforçant le poids des idées réactionnaires.

Cependant les succès de Trump embarrassent les dirigeants des Républicains. Ils redoutent que son positionnement extrémiste leur fasse perdre l’élection présidentielle.

C’est pourquoi ils cherchent quelles manœuvres pourraient empêcher Trump d’obtenir l’investiture.

Le cirque électoral va durer quelques mois encore. Entre Clinton et Trump, ou un autre Républicain tout aussi réactionnaire, une chose est certaine : les intérêts des travailleurs ne seront représentés par personne.

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