Tchad : les élections passent, Idriss Déby reste13/04/20162016Journal/medias/journalnumero/images/2016/04/2489.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Tchad : les élections passent, Idriss Déby reste

Le résultat final de l’élection présidentielle qui a eu lieu au Tchad le dimanche 10 avril ne fait guère de doute. C’est Idriss Déby, le président actuel, qui devrait être élu. Depuis vingt-six ans qu’il règne sur le pays, il a pu bénéficier du soutien sans faille des gouvernements français et cela va certainement continuer.

Quatre dirigeants de l’opposition croupissent depuis plus d’un mois en prison pour avoir appelé à manifester contre son cinquième mandat et lui avoir demandé de retirer sa candidature. Les syndicats ont organisé une grève générale le 25 mars, pour exiger leur libération mais aussi le paiement régulier des salaires et des arriérés. Elle a été largement suivie. Une marche de protestation a eu lieu quatre jours plus tard. La colère contre ces arrestations arbitraires s’est mêlée à l’indignation suscitée par le viol en février d’une lycéenne de 16 ans, Zouhoura, par les fils de trois généraux et d’un ministre. Les lycéens s’étaient alors rassemblés pour protester, jusqu’à ce que la police ouvre le feu à balles réelles, faisant un mort et plusieurs blessés. Toute une partie de la population se révolte contre l’impunité absolue de la caste dirigeante mais celle-ci a le moyen d’empêcher que cela se traduise dans les urnes.

Les ressources du pays, à commencer par le pétrole exploité par des compagnies américaines, sont détournées au profit d’Idriss Déby et de son clan. Le directeur des douanes du pays était ainsi jusqu’en octobre dernier le frère cadet d’Idriss Déby. Il fut alors démis de ses fonctions, mais le directeur du journal Le Haut Parleur, qui avait dénoncé sa corruption, fut auparavant arrêté et torturé. Pendant ce temps, la population n’a ni eau potable ni électricité, et vit dans la misère. Les prix augmentent et les salaires ne sont souvent pas payés.

Le gouvernement français, protecteur du régime, reste très discret sur les crimes de la dictature tchadienne. Lorsque François Hollande est venu à N’Djaména, la capitale du Tchad, ce n’était pas pour parler des droits de l’homme mais pour y installer l’état-major de la force Barkhane, ces troupes françaises qui interviennent dans cinq pays du Sahel contre les groupes djihadistes et ont pris le relais de l’intervention française au Mali.

Le Tchad est en effet le principal allié de la France sur le plan militaire dans cette région du monde. Son armée a été l’auxiliaire le plus efficace de l’armée française au Mali et le sera peut-être demain en Libye. On ne fâche pas un tel allié !

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