Maroc : homophobie légalisée13/04/20162016Journal/medias/journalnumero/images/2016/04/2489.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Maroc : homophobie légalisée

Après avoir été arrêtés et condamnés, les deux homosexuels qui avaient subi une violente agression le 9 mars dernier à Beni Mellal, au Maroc, ont finalement été remis en liberté le 11 avril.

Dans ce pays, la loi condamne les actes homosexuels, et les agressions homophobes ne sont pas systématiquement réprouvées.

Ces dernières années les médias se sont fait l’écho de plusieurs condamnations d’homosexuels, comme en décembre 2014, lorsque les deux membres d’un couple ont été arrêtés lors d’un contrôle routier, puis condamnés respectivement à un an et six mois de prison. En 2015, deux homosexuels qui s’étaient embrassés sur une place publique très touristique de Rabat ont été condamnés à de la prison ferme pour « outrage public à la pudeur ». Deux autres peines de prison ont été prononcées alors que les victimes avaient été arrêtées dans un lieu privé. Comme le soulignent les associations, les aveux des victimes sont bien souvent extorqués par intimidation et sous la pression des policiers, et surtout en dehors de la présence d’avocats.

L’affaire de Beni Mellal ne peut que soulever l’indignation. Le couple a été violemment agressé dans son lit par plusieurs personnes et une vidéo a été postée sur les réseaux sociaux. En dehors de plusieurs associations connues pour défendre le droit de chacun à vivre librement, ni le gouvernement ni le roi Mohamed VI n’ont alors réagi. Et pour cause, car ni ce gouvernement ni le précédent n’ont retiré du Code pénal le fait que l’homosexualité soit considérée comme un crime. La loi rend passible d’amende et de prison ferme « quiconque commet un acte impudique ou contre nature avec un individu de son sexe » ou « quiconque, par son état de nudité volontaire ou par l’obscénité de ses gestes ou de ses actes, commet un outrage public à la pudeur ».

L’homosexualité n’est plus vraiment un tabou au Maroc, l’opinion commence à évoluer et une association, Aswat, défend les droits des homosexuels. Elle fait partie des treize organisations qui ont exigé dans un communiqué la libération immédiate des deux homosexuels de Beni Mellal et l’ouverture d’une enquête contre le groupe d’agresseurs.

Leur combat ne fait certainement que commencer.

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