Conseil départemental de l’Allier : le personnel contre les restrictions budgétaires13/04/20162016Journal/medias/journalnumero/images/2016/04/2489.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Conseil départemental de l’Allier : le personnel contre les restrictions budgétaires

Dimanche 3 avril, le président de droite du conseil départemental de l’Allier avait convoqué une session à 7 h 30 du matin pour voter une seule et unique décision : supprimer quatre jours de congé au personnel.

Barricadés à l’intérieur de l’hôtel du département, entourés par trois cents manifestants en colère dont un grand nombre ont réussi à entrer dans la salle, les élus ont commencé par voter à bulletin secret. Mais 39 bulletins ont été trouvés, pour 38 votants !

Le vote a donc été annulé et l’opposition a demandé de placer les bulletins sous scellés. Le deuxième vote n’a concerné que les élus de droite, qui ont évidemment confirmé la décision de suppression des congés.

Le personnel est mobilisé depuis plusieurs mois contre la politique de restrictions budgétaires du conseil départemental, menée sous prétexte de baisse des dotations de l’État. En plus de la suppression de quatre jours de congés, il n’y aura pas de recrutement supplémentaire et 34 postes seront gelés, autrement dit les postes existeront, mais sans personnel, et les deux jours de congé maladie admis sans justificatif sont aussi supprimés. Des dispositifs d’emploi avenir et des emplois d’été sont également supprimés et le nombre d’apprentis va être réduit.

Déjà en décembre dernier une pétition avait été signée par 1 200 agents. Jeudi 31 mars, plusieurs centaines de travailleurs s’étaient rassemblés devant l’hôtel du département dès 8 h du matin. À 9 h, quand les élus étaient arrivés pour siéger, la salle des délibérations, rebaptisée Agora populaire, avait été envahie par les grévistes en colère.

Cette journée a permis au personnel de dire ses griefs. Il y a par exemple des problèmes de remplacement, comme dans un des centres médico-sociaux qui tourne avec cinq assistantes sociales sur onze, alors « qu’elles sont en contact avec le public, des gens en difficulté auxquels on ne peut fermer la porte ».

Le mécontentement porte aussi sur les faibles rémunérations et retraites des agents de catégorie C, les conditions de travail, le manque de matériel à disposition, la qualité du service public, qu’il est de plus en plus difficile de maintenir du fait du manque de personnel, d’autant qu’une possible réorganisation des services ne ferait qu’aggraver les conditions de travail en diminuant le nombre d’unités.

Peu habitué à être contesté en direct, le président-sénateur ne pouvait que lancer des menaces du genre : « Si votre employeur est si mauvais, allez voir ailleurs ! » Il a dû finir par proposer de redonner deux jours de congé, mais il aurait fallu travailler quelques minutes de plus chaque jour pour les compenser. Une assemblée générale réunie immédiatement a refusé l’entourloupe et le conseil départemental a été de nouveau envahi. Le sénateur-président, qui croyait avoir réussi son coup avec les syndicats, n’a pas hésité à insulter le personnel. Mais il a dû interrompre la session, car sa propre majorité avait décampé, sans que la décision de rallonger les horaires de travail ait été prise.

Dimanche 3 avril, il a fini par arriver à ses fins, même si les syndicats vont étudier comment ils peuvent contester le vote. Mais ce président a surtout réussi à unifier une grande partie du personnel contre lui. Le slogan le plus repris était « Dictateur ! »

Les travailleurs venus des quatre coins du département ont resserré leurs liens au cours de ces deux jours de lutte et rien ne dit que le président-sénateur ne les retrouvera pas bientôt une nouvelle fois sur sa route.

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