Migrants : L’Europe des riches se débarrasse des pauvres30/03/20162016Journal/medias/journalnumero/images/2016/03/2487.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Migrants : L’Europe des riches se débarrasse des pauvres

L’accord négocié entre l’Union européenne et la Turquie sur le sort des migrants est une catastrophe pour eux et un problème insoluble pour la Grèce.

Le nombre de nouveaux réfugiés a été très réduit, au moins pour le moment : depuis le 20 mars, date de la signature de l’accord, 3 000 seraient arrivés dans les îles grecques et le 28 mars on comptait seulement 20 nouveaux arrivants dans l’île de Lesbos. Mais désormais ces réfugiés sur les îles grecques sont prisonniers de centres de rétention fermés. Les passeurs chercheraient, paraît-il, de nouvelles routes et la presse évoque une voie vers l’Italie, moyennant 3 000 à 4 000 euros, c’est-à-dire un tarif exorbitant, pour une traversée encore plus longue et plus dangereuse.

Quant aux réfugiés arrivés avant le 20 mars en Grèce continentale, ils sont plus de 52 000, dont 12 000 à Idomeni, sur la frontière avec la Macédoine, dont le Parlement vient de décider qu’elle resterait fermée jusqu’au 31 décembre 2016. Le gouvernement ne maîtrise pas une situation parfois violente et toujours chaotique, en particulier du point de vue alimentaire et médical. Des ONG humanitaires ont commencé à quitter les lieux, car elles estiment qu’elles ne peuvent plus assurer leur mission en sécurité. Mais le ministre grec de la Santé et celui de la Politique migratoire, inquiets du sort des enfants en particulier, leur ont demandé de revenir. Au Pirée également, où 5 000 réfugiés s’entassent sous des tentes, la situation est très préoccupante.

Le gouvernement grec essaie de transférer ces migrants dans des centres d’accueil mais, outre que beaucoup de ces hébergements sont équipés de façon précaire, d’autres sont encore à créer : dans les vingt prochains jours, selon le conseil gouvernemental pour la politique migratoire, il faudrait ouvrir 30 000 places.

Les réfugiés sont censés faire une demande d’asile en bonne et due forme, faute de quoi ils seront renvoyés d’où ils viennent. Non seulement c’est une clause inhumaine d’un accord scandaleux mais, de plus, l’administration grecque est totalement incapable de faire face à cette gigantesque tâche administrative que Jean-Claude Juncker lui-même, président de la Commission européenne, s’est permis de qualifier de travaux d’Hercule.

Cet accord ne résoudra rien. Il ne pourra peut-être que repousser très provisoirement l’arrivée inéluctable de ceux qui fuient la guerre et la misère. Mais il démontre l’ignominie des pays riches de l’Europe, qui veulent faire de la Grèce un immense camp de rétention et y parquer les réfugiés qu’ils n’ont pas réussi à rejeter à la mer.

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