Élection présidentielle : l’équité pour consacrer... l’inégalité30/03/20162016Journal/medias/journalarticle/images/2016/03/p7_meeting_zenith_C_LO.jpg.420x236_q85_box-0%2C34%2C648%2C398_crop_detail.jpg

Leur société

Élection présidentielle : l’équité pour consacrer... l’inégalité

Une loi dite de « modernisation des règles de l’élection présidentielle » est en cours d’adoption, avec pour principal objectif de réduire les possibilités d’expression des candidats dits « petits ».

Illustration - l’équité pour consacrer...  l’inégalité

En 2012, plusieurs patrons de l’audiovisuel, relayés par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) ainsi que par des politiciens comme Sarkozy, s’étaient plaints des règles qui les obligeaient à respecter une certaine « égalité » de temps de parole dans les médias entre candidats pendant les cinq semaines précédant le premier tour. Cette égalité était déjà un mot creux. Ainsi une interview de Nathalie Arthaud de 20 minutes diffusée sur TF1 au milieu de la nuit avait été décomptée comme celle d’un autre candidat au journal de 20 heures.

Apparemment, c’était même encore trop pour le PS. Passons sur la comédie qui a consisté à faire présenter cette proposition de loi par quelques-uns de ses députés plutôt que par le gouvernement. La nouvelle loi réduirait l’« égalité » de temps de parole aux deux dernières semaines de campagne, se contentant d’appliquer au cours des trois semaines précédentes ce qu’elle nomme l’« équité ». Cette équité est appréciée en fonction de la représentativité des candidats et de leur implication dans la campagne : autrement dit, elle justifie de réserver le gros du temps de parole aux candidats du PS, du FN ou des Républicains (LR), laissant aux autres quelques miettes. En outre, elle est appréciée par le CSA, qui ne formule que des recommandations. Autrement dit, les patrons de l’audiovisuel feront, plus encore qu’auparavant, ce qu’ils voudront.

Une autre disposition est d’obliger les élus (députés, maires…) à envoyer directement leur parrainage au Conseil constitutionnel. Le barrage des 500 signatures avait déjà pour objectif de limiter les candidatures. Les candidats pouvaient jusqu’ici collecter ces parrainages et les déposer eux-mêmes. C’est ainsi qu’avaient procédé nos candidates, Arlette Laguiller puis Nathalie Arthaud, ce qui leur permettait de gérer la progression de ces parrainages. La nouvelle mesure vise évidemment à compliquer les choses.

Dans un système politique où la bourgeoisie tient les rênes, le pluralisme est toujours plus théorique que réel. Aucune contrainte ne pèse d’ailleurs sur la presse écrite. Mais, qui plus est, des partis comme le PS ou LR, qui n’ont que le mot démocratie à la bouche, rêvent d’une vie politique à l’américaine, où ils auraient le quasi-monopole de l’expression dans les médias. Le PS, qui sait qu’une fraction de son électorat ne voudra pas voter pour son candidat, aimerait en particulier limiter la concurrence sur sa gauche. La nouvelle loi ne gênera en revanche ni LR, ni le FN.

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