Notre camarade, José de Pedro16/03/20162016Journal/medias/journalnumero/images/2016/03/2485.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Les nôtres

Notre camarade, José de Pedro

Notre camarade José de Pedro, que nous appelions Ordé, vient de nous quitter à l’âge de 64 ans, après avoir résisté pendant des années à la maladie, causée en grande partie par des conditions de travail très pénibles, dont les fumées de soudure et l’exposition à l’amiante.

Fils d’un ouvrier de ­Michelin, émigré espagnol qui avait fui la guerre civile, il était déjà révolté par la société alors qu’il suivait une formation de menuisier-ébéniste au collège technique de Clermont-Ferrand. C’est là, à 16 ans, qu’il rencontra les camarades de Voix ouvrière pendant les grèves de Mai 1968. Ses premiers emplois dans la région lui apprirent vite ce qu’est l’exploitation, comme ouvrier dans une meunerie, puis dans une fabrique de palettes, finalement aux Ateliers de construction du Centre (ACC) à Clermont-Ferrand, où il participa à un premier bulletin d’entreprise.

Pensant pouvoir trouver dans sa qualification un travail plus intéressant dans une fabrique de caravanes à Trignac en Loire-Atlantique, on l’y voit débarquer en mobylette… Puis José se tourna vers les Chantiers de l’Atlantique de Saint-Nazaire, où il se fit embaucher en 1974 après une formation de soudeur. Élu délégué CGT en 1976, il anima une commission jeunes. Très rapidement, les dirigeants du syndicat mirent le holà à son activité et menèrent une campagne de calomnies contre les gauchistes que, disaient-ils, « la direction avait embauchés en 1974 pour casser la CGT » !

En 1977, l’appareil CGT refusa de le mettre à nouveau sur ses listes de candidats, malgré la protestation de nombreux syndiqués de son atelier. Sans mandat syndical, José n’en continua pas moins son activité de militant du syndicat, et avant tout de militant politique révolutionnaire.

En 1982, alors que les Chantiers de l’Atlantique venaient d’être nationalisés, un mouvement de protestation contre le licenciement de 135 travailleurs de l’entreprise Mécanique prit de l’ampleur. José fut bien sûr de tous les débrayages, en particulier le jour où la direction, par provocation, se barricada dans ses bâtiments. En colère, les ouvriers firent sauter la porte avec un chalumeau et, dans la foulée, envahirent l’ensemble des bureaux.

La direction finit par annuler les licenciements, mais se vengea en licenciant quatre militants CGT parmi les plus actifs, dont José. Ils ne furent pas oubliés, un comité de soutien aux licenciés se forma et obtint la condamnation de l’entreprise pour licenciements abusifs. Mais cela ne faisait pas obligation au patron de les réembaucher.

Après une nouvelle formation de tuyauteur, José parvint à se faire embaucher en intérim dans des entreprises locales, sous-traitantes des Chantiers. C’était un pied de nez à la direction, puisqu’il revenait travailler dans l’entreprise qui l’avait licencié !

Reconnu atteint par l’amiante, José put bénéficier d’un départ à la retraite anticipé de trois ans. Ses camarades de Loire-Atlantique le virent repartir en Auvergne avec regret, mais assurés qu’il continuerait à y défendre ses idées.

Revenu à Riom, la ville qui l’avait vu grandir, José n’eut de cesse de rencontrer des militants de la CGT, ne ménageant pas ses efforts pour animer l’union locale et soutenir les travailleurs des petites entreprises en tant que défenseur du salarié. L’Union locale CGT de Riom lui a rendu un hommage chaleureux par la voix de ses militants, venus nombreux à ses obsèques.

Lutte ouvrière est fière d’avoir eu dans ses rangs un tel militant ouvrier, trotskyste, c’est-à-dire communiste et révolutionnaire.

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