Crise financière : la fuite en avant de la BCE16/03/20162016Journal/medias/journalnumero/images/2016/03/2485.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Crise financière : la fuite en avant de la BCE

Jeudi 10 mars, Mario Draghi, président de la Banque centrale européenne (BCE), a annoncé une série de mesures spectaculaires destinées à relancer le programme de rachat de titres de dette aux banques, compagnies d’assurances et autres institutions financières démarré il y a un an, en mars 2015.

Cette opération d’injection massive d’argent sur les marchés financiers, prévue à raison de 60 milliards d’euros par mois jusqu’en septembre 2016, était censée inciter les banques à prêter aux entreprises et aux ménages, et donc à faire redémarrer l’économie. Il n’en a rien été. Les banques ont investi l’argent reçu sur les marchés financiers et ont alimenté la spéculation.

En janvier et au début du mois de février, la révision à la baisse des perspectives de l’économie mondiale, notamment chinoise, et la baisse spectaculaire du prix du pétrole ont provoqué une tempête sur les marchés boursiers. Le 21 janvier, Mario Draghi a donc fait savoir qu’il avait « le pouvoir, la volonté et la détermination d’agir » et la possibilité « d’agir sans limite », renvoyant à la prochaine réunion des dirigeants de la BCE prévue en mars. C’était dire que, quoi qu’il arrive, les milliards de la BCE ne cesseraient pas d’affluer dans les caisses des spéculateurs : la Banque centrale ne les laisserait pas tomber.

Le 10 mars, Draghi a tenu parole et annoncé une série de mesures destinées à « frapper très fort » : la baisse du principal taux directeur de la BCE, porté de 0,05 % à 0 % ; l’augmentation de son programme mensuel de rachat de titres, qui passera à partir d’avril de 60 milliards à 80 milliards d’euros ; l’extension du programme de rachat de titres aux obligations d’entreprises privées ; enfin des prêts à long terme seront proposés aux banques à 0 %, c’est-à-dire gratuitement, voire dans certains cas à un taux d’intérêt négatif : dans ce cas, c’est l’établissement prêteur qui paye des intérêts à l’établissement emprunteur. Ces mesures ont été qualifiées d’inattendues par la presse, qui a ajouté qu’elles avaient tout du « plan de la dernière chance ».

Si l’on en croit le journal Les Échos daté du 10 mars, « l’accueil des marchés a été très mitigé, les doutes persistant sur l’efficacité du plan » en matière de relance de l’économie. Les nouvelles mesures annoncées ne peuvent en tout cas que préparer l’explosion de nouvelles bulles spéculatives et un nouvel épisode d’aggravation de la crise.

Jusqu’à maintenant, en fait de relance de l’économie réelle, le seul résultat tangible et la seule justification invoquée pour les milliards déversés par les différentes banques centrales – américaine, européenne, japonaise... – a été l’explosion de la valeur des actions et des prix de l’immobilier et autres supports de placement, autrement dit la relance de la spéculation et l’enrichissement des spéculateurs.

Les masses de dollars, de yens ou d’euros, fabriqués et distribués par les grandes banques centrales, n’ont que très peu nourri la consommation des ménages et les investissements dans la production. Au contraire, elles ont aggravé la situation, en aboutissant d’un côté à enrichir les riches et, de l’autre, à appauvrir les pauvres, en attendant l’explosion de l’énorme bulle financière qu’elles ont nourrie.

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