CPA : la précarité entérinée16/03/20162016Journal/medias/journalnumero/images/2016/03/2485.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

CPA : la précarité entérinée

En présentant sa nouvelle mouture de la loi El Khomri, Manuel Valls a qualifié le compte personnel d’activité (CPA) qui y figure de « pierre angulaire d’un droit à une nouvelle chance » pour les jeunes travailleurs ou les salariés peu qualifiés. En réalité, ce CPA, qui doit entrer en vigueur au 1er janvier 2017, ne fait qu’accompagner la précarité généralisée d’ores et déjà imposée par le patronat, et que cette loi lui permet d’accentuer.

Cette mesure part en effet du principe, entériné par le gouvernement, selon lequel chaque travailleur devrait désormais changer de plus en plus souvent d’emploi au cours de sa vie, formulation derrière laquelle se camouflent les licenciements, les fins de mission d’intérim ou de CDD. Les salariés ainsi obligés de vivre sans ressources garanties pourraient emporter avec eux, lorsqu’ils sont mis dehors par leur patron, les quelques droits qu’ils ont pu acquérir dans l’entreprise en matière de formation par exemple, ou pouvoir prendre un tout petit peu plus tôt leur retraite parce qu’ils ont effectué un travail pénible. Cela prendrait la forme d’un portail Internet qui ne changera pratiquement rien, puisque les deux droits qui figuraient jusqu’à maintenant dans ce CPA, le compte pénibilité et le compte personnel de formation, existent déjà. Il s’agit donc d’une valise vide de nouveaux droits, mais prometteuse de polémiques sur ce que l’on y mettra.

Les discussions sur ce CPA ont été lancées en avril 2015 par Manuel Valls, et elles ont occupé une bonne partie de la conférence sociale d’octobre 2015. Qui aura droit à ce compte ? Quels droits y figureront ? Autant de sujets se prêtant à d’interminables discussions entre organisations patronales et syndicales autour du tapis vert. Le Medef était par exemple opposé à ce que le compte pénibilité soit inclus dans le CPA puis, après tout un psychodrame, il a fini par signer.

La loi El Khomri revue et corrigée va apporter quelques dérisoires modifications à ce CPA en matière de formation. Les salariés sans diplôme auront droit à 40 heures de formation par an au lieu de 24, ce qui selon Manuel Valls leur permettrait « d’accéder à un niveau supplémentaire de formation tous les dix ans ». Comme si les agences de Pôle emploi n’étaient pas pleines de chômeurs auxquels on propose une formation, faute de pouvoir leur trouver un emploi ! Autre nouveauté, un compte engagement citoyen va être créé, sur lequel figureront les activités bénévoles en vue d’une validation des compétences ainsi acquises. Ce sera une ligne de plus sur un CV que les patrons mettront à la poubelle !

Le CPA n’est qu’un tissu de phrases creuses, mais cela n’empêche pas Hollande de le présenter comme « la grande réforme sociale du quinquennat ».

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