Liebherr Aerospace – Toulouse : grève pour les salaires10/02/20162016Journal/medias/journalnumero/images/2016/02/2480.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Liebherr Aerospace – Toulouse : grève pour les salaires

Liebherr Aerospace Toulouse, qui compte 1 300 travailleurs répartis sur deux sites, l’un à Toulouse et l’autre à Campsas près de Montauban, est une entreprise du secteur aéronautique particulièrement profitable pour son actionnaire unique : 44 millions d’euros de dividendes pour 2015, soit 35 000 euros par salarié. Sur les cinq dernières années, la moyenne a été de 40 millions d’euros de dividendes par an, avec un chiffre d’affaires qui a augmenté de 40 %.

L’annonce par la direction d’un abaissement des augmentations générales aux alentours de 1 % a donc fait l’effet d’une provocation. De plus, du fait de tripatouillages comptables, la participation passait de 1,3 mois de salaire à 0,8 mois, et la direction prévoyait la baisse du supplément de participation de 1 000 euros à 800 euros. Au total, par exemple pour un salaire net de 1 680 euros, c’était 634 euros net en moins sur l’année !

Autant dire que, face à un tel mépris, l’écœurement et l’envie de ne pas en rester là se sont manifestés. Le 28 janvier, les quelque 150 travailleurs du site de Campsas ont pris l’initiative, se réunissant en assemblée générale et décidant de se mettre en grève le lundi 1er février pour la venue des directeurs devant faire visiter le site à des pontes d’Airbus.

Ce jour-là, les visiteurs ont été accueillis avec des banderoles accrochées aux grilles, traversant des ateliers et bureaux désertés par les 95 % de grévistes, et obligés de passer entre deux rangées de travailleurs qui avaient jeté de la menue monnaie par terre, en symbole de l’augmentation misérable des salaires. Les trois équipes faisaient grève avec le même succès et la grève était reconduite.

Le lendemain, à Toulouse, 300 travailleurs se sont retrouvés devant la salle des négociations salariales. Certains services des ateliers étaient grévistes à 100 %, de jeunes embauchés depuis moins d’un an et quelques secteurs des bureaux étaient là aussi. La direction a alors essayé de calmer les choses en faisant passer le supplément de la prime de participation de 800 à 1 200 euros annuels, les augmentations de salaire restant aussi minables, à 0,2 % près. Mais, par un vote à main levée, les grévistes de Toulouse ont décidé de continuer le mouvement, tout comme ceux de Campsas, eux aussi en assemblée générale.

La direction a alors annoncé que le supplément de prime passerait à 1 500 euros. Pendant ce temps, les grévistes faisaient le tour des bureaux, recevant un accueil chaleureux. Leurs interventions à la cantine furent applaudies. L’après-midi, le mouvement fut renforcé par des salariés des bureaux et par des cadres, touchant près de 400 travailleurs. Rendez-vous était pris pour le lendemain matin, beaucoup restant en grève tout l’après-midi et un cortège faisant le tour de l’usine.

Le lendemain, le sentiment d’avoir fait reculer la direction et d’avoir rentabilisé la grève dominait à l’approche d’une nouvelle réunion de négociations.

Face à une direction arrogante qui pensait que les jeux étaient faits d’avance et qu’elle pouvait tout se permettre, cette réaction collective a été salutaire.

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