L’accident de Brétigny : les experts en dissimulation de la SNCF10/02/20162016Journal/medias/journalnumero/images/2016/02/2480.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

L’accident de Brétigny : les experts en dissimulation de la SNCF

Jour après jour, les révélations se succèdent, qui montrent les stratagèmes utilisés par la SNCF pour dissimuler des éléments pendant l’enquête sur l’accident ferroviaire de Brétigny survenu le 12 juillet 2013.

Après Le Canard enchaîné, Europe 1 et Le Figaro en ont donné à leur tour divers exemples. Ainsi une juriste de la SNCF a conseillé à un agent devant être entendu par les enquêteurs de se rendre à la convocation sans aucun document, pour ne pas leur faciliter la tâche. L’ordinateur d’un cadre chargé du secteur de Brétigny a aussi été déclaré volé. Les policiers l’ont pourtant retrouvé dans un local SNCF quelque temps plus tard… expurgé d’une partie de son contenu.

Les écoutes téléphoniques mises en place pendant l’enquête prouvent aussi que les responsables techniques de la SNCF étaient au courant de l’état lamentable du réseau : « Le matériel est en fin de vie, il y a des incidents tout le temps », « cette traversée-jonction, elle est pourrie », étaient leurs commentaires. Ils ont d’ailleurs pointé du doigt les mêmes problèmes de vétusté sur d’autres secteurs du réseau.

Le dossier d’instruction révèle enfin que la SNCF a eu connaissance trois mois avant sa sortie du rapport du Bureau d’enquêtes sur les accidents de transport terrestre (BEA-TT) fait sur l’accident de Brétigny, alors que cet organisme d’État doit théoriquement garder son indépendance vis-à-vis des entreprises sur lesquelles il enquête. Ce rapport a clairement mis en cause « le vieillissement général du réseau ferroviaire entraînant une multiplication des interventions de maintenance de la voie effectuées dans l’urgence pour faire face aux besoins de l’exploitation ». La SNCF est donc au courant depuis des mois de ces conclusions accablantes pour elle, mais cela ne l’empêche pas de continuer à affirmer, par l’intermédiaire de son avocat, qu’« aucune explication crédible » n’a encore été fournie sur le drame. C’est ce cynisme, doublé d’une inconscience criminelle, qui a conduit à l’accident dramatique de Brétigny.

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