Europe-Turquie : marchandage avec la peau des migrants10/02/20162016Journal/medias/journalnumero/images/2016/02/2480.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Europe-Turquie : marchandage avec la peau des migrants

Les ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne, réunis à Amsterdam le 5 février, ont reproché à la Turquie d’avoir fermé sa frontière pour empêcher le passage de dizaines de milliers d’habitants syriens de la ville et de la région d’Alep, obligés de fuir l’offensive des troupes du régime de Bachar al-Assad appuyée par les bombardements russes.

« La convention de Genève, qui stipule qu’il faut accueillir les réfugiés, est toujours valide », ont déclaré les responsables européens, oubliant de s’appliquer à eux-mêmes cette recommandation quand ils refusent l’entrée des migrants en Europe.

Hollande et Merkel, lors d’un dîner dans un restaurant strasbourgeois le 7 février, se sont mis d’accord pour faire de l’ aide à la Grèce et à la Turquie une question prioritaire du prochain sommet européen, les 18 et 19 février.

Pour l’instant, les trois milliards d’euros promis à la Turquie pour l’aider à faire face à l’afflux de migrants ne lui ont toujours pas été versés. La décision officielle de créer un fonds de financement vient seulement d’être prise le 3 février. Et encore faut-il que les États membres de l’UE tiennent leurs engagements et lui versent les deux milliards d’euros qu’ils sont censés apporter.

Contrairement aux déclarations des dirigeants de la Commission européenne, l’argent n’est donc pas sur la table. L’attitude du gouvernement turc, refusant d’ouvrir sa frontière aux réfugiés venus d’Alep et créant une situation humanitaire dramatique, fait d’ailleurs sûrement partie d’un chantage, pour faire savoir que, tant que l’argent ne sera pas là, la Turquie n’accueillera pas de réfugiés supplémentaires.

Même si l’argent finit par arriver au gouvernement turc, il servira d’ailleurs surtout à traquer et à parquer les migrants, et non à « améliorer leur accès à l’éducation et à la santé », comme a osé le prétendre le vice-président de la Commission européenne. Ce genre de discours hypocrite masque mal le fait que, pour ces dirigeants, l’essentiel est que la Grèce et la Turquie fassent plus efficacement le sale travail de gendarme et de gardien de camp de l’Europe.

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