Éleveurs en colère : le beurre et l’argent du beurre pour la grande distribution10/02/20162016Journal/medias/journalarticle/images/2016/02/p3001_1.jpg.420x236_q85_box-0%2C98%2C688%2C484_crop_detail.jpg

Leur société

Éleveurs en colère : le beurre et l’argent du beurre pour la grande distribution

La mobilisation des agriculteurs continue. À nouveau, les producteurs de lait et de viande, dont de nombreux jeunes, ont multiplié les blocages de routes et d’hypermarchés. Ils accusent à juste titre la grande distribution de capter les marges et de les conduire à la ruine, en leur imposant des prix d’achat inférieurs à leurs coûts de production.

Illustration - le beurre et l’argent du beurre pour la grande distribution

Ils dénoncent aussi, comme les manifestants de Charente, « dix à douze ans de mauvaises politiques accumulant les normes » leur imposant des contraintes ressenties comme ingérables. En matière d’étalement ou de restructuration des prêts qui pèsent sur la majorité d’entre eux, les banques décident à la tête du client, rapporte un représentant de la Confédération paysanne, qui rassemble les plus petits éleveurs.

Comme en juillet 2015, les agriculteurs ont droit à d’hypocrites déclarations de compréhension de la part des mêmes patrons de la grande distribution et de l’industrie agroalimentaire qui n’arrêtent pas une seconde d’exercer leur pression sur les prix à la production, pour précisément capter le maximum de marge sur le dos des producteurs et des consommateurs.

Le 8 février, les représentants patronaux des grandes enseignes alimentaires, les Carrefour, Leclerc, Auchan, Casino, Intermarché, Système U, se sont réunis avec ­Valls, Macron et Le Foll, qui comme toujours se sont montrés impuissants, et en fait complices face aux rois du commerce. Il en est ressorti un fonds de secours de 100 millions d’euros, qui serait alimenté par une taxe d’environ dix centimes appliquée à chaque kilo de viande vendue en rayon. Ce vol organisé dans la poche des consommateurs est une réponse dilatoire aux agriculteurs que la grande distribution et le système dont elle fait partie étranglent sans état d’âme.

Valls y a tout au plus ajouté les froncements de sourcils à l’intention de la Commission européenne, censée « activer les pouvoirs dont elle dispose en cas de crise mais qui le fait trop peu et trop tard », autrement dit une déclaration qui ne lui coûte rien.

Même regroupés en coopératives, les agriculteurs ont à faire face à des capitalistes de l’agroalimentaire et de la distribution qui les écrasent inexorablement. Ainsi Bigard, qui contrôle la moitié des abattoirs du pays, vend sous ses marques Charal et Socopa deux barquettes de viande sur trois en hypermarché. Les grandes enseignes, elles-mêmes de plus en plus structurées avec leurs propres abattoirs et leurs unités de transformation et leurs toutes-puissantes centrales d’achat, imposent aux producteurs leurs prix, sous peine de boycott et d’exclusion des rayons.

Il n’y a pas de solution pour les petits producteurs, dans ce système capitaliste basé sur le profit d’une minorité de financiers et l’exploitation de ceux qui travaillent. Pour pouvoir vraiment vivre de son travail, se débarrasser de ce système est une nécessité qui devrait rapprocher tous les petits producteurs des travailleurs salariés.

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