Corée du Nord : qui provoque qui ?10/02/20162016Journal/medias/journalarticle/images/2016/02/p16-dessin001.jpg.420x236_q85_box-0%2C111%2C619%2C459_crop_detail.jpg

Dans le monde

Corée du Nord : qui provoque qui ?

Dimanche 7 février, la Corée du Nord a lancé un satellite d’observation de la Terre. Cela a suffi au Conseil de sécurité de l’ONU pour se réunir en urgence et dénoncer une « provocation intolérable » !

Illustration - qui provoque qui ?

Selon le Conseil de sécurité, en effet, le lancement nord-coréen utilisait « la technologie des missiles balistiques ». Mais c’est le cas de tous les lancements de satellites de ce type et cela n’occasionne pas qu’il se ­réunisse à chaque fois. L’ONU a aussi annoncé que de nouvelles mesures coercitives contre la Corée du Nord étaient en discussion. On se demande bien quelles restrictions supplémentaires vont être infligées à la population nord-coréenne.

Il y a presque quatre ans, en avril 2012, déjà à l’occasion du lancement d’un satellite, les grandes puissances, États-Unis en tête, avaient décidé de profiter de l’occasion pour durcir le blocus qui étouffait le pays, interdisant tout commerce et transfert d’argent avec lui. Cela avait aussi été l’occasion d’intensifier l’exercice militaire annuel des armées américaines et sud-coréennes, en en faisant l’un des plus importants au monde. L’ONU n’a d’ailleurs pas trouvé « provocante » cette démonstration de force aux frontières de la Corée du Nord.

La réaction du Conseil de sécurité et les déclarations des grandes puissances visent à faire passer un pays de 25 millions d’habitants, affaibli par des décennies d’embargo, pour une menace militaire d’ordre international. Ce genre de mascarade fait penser aux fameuses armes de destruction massive de Saddam Hussein, qui n’ont jamais existé mais qui ont servi de prétexte à l’intervention militaire américaine de 2003 en Irak, intervention qui, elle, a massivement détruit le pays.

Le régime nord-coréen est une dictature, c’est certain. Mais ce n’est pas ce qui gêne les grandes puissances, qui s’accommodent et s’appuient sur de nombreuses dictatures et régimes autoritaires, à commencer par celui de la Corée du Sud, où les militaires n’ont quitté le pouvoir qu’après la vague de luttes ouvrières de la fin des années 1980. Le régime nord-coréen paye encore, plus de soixante ans après la fin de la guerre de Corée en 1953, le fait d’avoir refusé de se soumettre à l’impérialisme américain, qui lui s’arroge le droit de lancer les fusées qu’il veut et de bombarder où il veut et quand il veut.

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