Air France : des augmentations qui ne font pas le compte10/02/20162016Journal/medias/journalarticle/images/2016/02/2015-10-5_Rassemblement_Air_France_Roissy_055.jpg.420x236_q85_box-0%2C36%2C684%2C420_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Air France : des augmentations qui ne font pas le compte

À Air France, les négociations annuelles obligatoires (NAO) ont eu lieu fin janvier, laissant aux syndicats jusqu’au 9 février pour signer ou pas ce que propose la compagnie : pas grand-chose, même si elle fait beaucoup de mousse autour.

Illustration - des augmentations qui ne font pas le compte

Après avoir réalisé de forts bénéfices en 2015, la direction annonce, pour solde de tout compte, une prime d’intéressement de 900 euros en mai, et d’ici là 300 euros de prime en février pour le personnel au sol et navigant, et 400 euros pour les cadres.

Trompe-l’œil et marché de dupes

Au passage, la direction en profite pour poursuivre son bras de fer avec les pilotes en leur faisant du chantage : elle leur versera ces 400 euros, mais seulement si leurs syndicats acceptent son plan ­Perform 2020. Or, depuis des mois, ils refusent à juste titre de le signer, car il ferait perdre aux pilotes bien plus que cette somme, du fait de l’accroissement des rotations de vols et des pertes de repos. En clair, ils auront une prime s’ils acceptent de travailler plus tout en gagnant moins.

Le calcul est vite fait, pour la plupart des salariés de la compagnie : au total, cela fait l’équivalent de 100 euros de plus par mois sur la paie. Et la direction, qui espère produire son petit effet avec ça, de claironner que la masse salariale va croître de 2,2 % en 2016. Mais ce chiffre mélange primes, augmentations individuelles, promotions, échelons d’ancienneté. Quant aux primes, ce ne sont pas de véritables hausses de salaire : non seulement il n’est pas prévu de les reconduire, mais elles n’entrent dans le calcul ni de la retraite ni des primes de nuit ou de travail du week-end, etc.

Un an de salaire perdu sur quinze ans

Et puis, cela ne peut faire oublier qu’avec son précédent plan Transform 2015 la direction fait travailler douze jours de plus par an (des RTT supprimés non compensés) ; qu’elle a revu à la baisse le calcul de l’ancienneté ; que d’autres dispositions de son plan augmentent la productivité, en clair l’exploitation de chacun par le patron ; qu’elle a bloqué les salaires pendant quatre ans et refuse toujours toute augmentation générale des salaires.

Résultat, pour un mécanicien-avion ayant une vingtaine d’années d’ancienneté, ce que Transform lui fait perdre est de l’ordre d’un an de salaire pour quinze années de travail.

16 000 euros de profit par salarié

Si ses salariés sont dans le rouge, les chiffres que la direction affiche sont vert foncé. Entre ses économies aux dépens du personnel, le remplissage record de ses avions, sa facture de kérosène qui a fondu avec la baisse des cours du pétrole, les bénéfices sont au rendez-vous des actionnaires.

Si l’on prend ceux que la direction veut bien annoncer (et elle en camoufle forcément une partie, ne serait-ce que grâce à sa filiale Air France finances domiciliée dans un paradis fiscal), on frise les 800 millions pour 2015. Soit au moins 16 000 euros de gagnés par salarié. Et si l’on considère qu’elle vient de rembourser un milliard aux banques, ce qu’elle a gagné chaque mois sur chaque employé grimpe à près de 3 000 euros : plus que le salaire moyen d’Air France, charges comprises !

Augmentez les salaires !

Bien sûr, se dire qu’on va avoir 100 euros de plus sur la paie chaque mois en 2016, ça fait du bien, constatent nombre de travailleurs. Mais cela reste très loin de compenser tout ce qu’ils ont perdu en pouvoir d’achat depuis cinq ans.

C’est entre autres pour cela qu’ils étaient nombreux, toutes catégories confondues, le 5 octobre dernier à Roissy, à manifester devant le siège d’Air France, le jour où le DRH y a laissé sa chemise.

C’est plus qu’une chemise que les travailleurs ont perdu avec ces plans d’économies que la direction a imposés depuis des années. Et il faudra bien, un jour, s’y remettre tous ensemble pour lui réclamer ce qu’elle doit.

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