Marché du porc : les éleveurs étranglés par les trusts20/01/20162016Journal/medias/journalnumero/images/2016/01/2477.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Marché du porc : les éleveurs étranglés par les trusts

Le 14 janvier, 700 éleveurs de porcs étaient rassemblés devant le site du Marché du porc breton à Plérin en Bretagne, pour faire entendre leur détresse devant l’aggravation de leur situation financière. La Bretagne est, de loin, la première région productrice de porcs du pays.

Mille dossiers d’aides ont été déposés en préfecture de région, et 20 % des exploitations bretonnes de porcs, représentant 58 % de la production nationale, sont menacées de faillite.

Depuis le début de l’année 2015 les éleveurs de porcs, aux côtés des éleveurs de bovins, producteurs de lait ou de viande, s’étaient mobilisés pour dénoncer la stagnation voire la baisse des prix d’achat de leur production. Cela leur est imposé par les industriels du secteur, la grande distribution et ses centrales d’achat, qui font la loi sur les prix offerts aux producteurs. Face à la mobilisation de milliers de paysans en colère, le gouvernement avait fait semblant d’agir en mettant sur pied des tables rondes, censées aboutir à la fixation de prix planchers.

Mais, en ce qui concerne le porc, à peine ces pseudo­-accords étaient-ils conclus que les industriels du secteur, qui contrôlent l’essentiel du marché en France, faisaient savoir qu’ils ne les respecteraient pas. Ces industriels sont Bigard et surtout la Cooperl, une coopérative à laquelle adhérent 2 700 producteurs. Alors que le prix de base conclu sous l’égide du gouvernement était de 1,40 euro le kilo, les prix imposés l’été dernier étaient redescendus à 1,25 voire un 1,20 euro le kilo, ce qui a amené toute une série d’exploitations à la faillite. Aujourd’hui le prix du porc sur le marché public se négocie à moins de 1,10 euro le kilo. Avec les faillites, se sont multipliés les suicides d’éleveurs ruinés.

Cette situation a provoqué la mobilisation actuelle et la création d’un collectif des « bonnets roses », par référence aux bonnets rouges. En fait les éleveurs sont victimes du système et du marché capitalistes. Les géants du secteur se servent des éleveurs comme de sous-traitants à leur merci, qu’ils laissent tout juste survivre, pour le plus grand nombre. La Cooperl, avec ses deux milliards de chiffre d’affaires, et Bigard utilisent leur puissance, leur situation de quasi-monopole et leur faculté à se fournir sur le marché mondial pour imposer leur prix, en particulier aux quelque 2 500 éleveurs de porcs bretons. Quant au gouvernement, il est au service des trusts, de tous les trusts, ceux de la transformation du porc, de la vente, mais aussi ceux qui fournissent les aliments et les produits sanitaires aux éleveurs qui, eux, se portent tous très bien et ne sont pas près de la faillite.

Le système et le marché ne laissent une issue qu’aux plus gros éleveurs en ruinant les autres, voilà ce dont sont victimes la masse des plus petits éleveurs.

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