Venezuela : succès de la droite antichaviste09/12/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/12/2471.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Venezuela : succès de la droite antichaviste

Le 6 décembre, on votait pour élire les 167 députés du Parlement du Venezuela. 74 % des électeurs se sont déplacés. C’est la droite du MUD (Table de l’unité démocratique) qui l’a emporté, largement, avec 99 sièges assurés. Le Parti socialiste unifié du Venezuela (PSUV), le parti chaviste qui se présentait au sein d’un Grand pôle patriotique, pourrait ne disposer que de 46 sièges, contre 98 auparavant. Le résultat définitif devrait être connu prochainement.

L’opposition de droite qui, depuis des années, veut remplacer les chavistes, tient sa revanche. La majorité simple lui est d’ores et déjà acquise, mais si elle obtient 112 députés, ce qui n’est pas exclu, elle pourrait engager un référendum pour démettre l’actuel président, Nicolas Maduro, qui a succédé à Hugo Chavez après son décès en 2013 et même remettre en cause les lois sociales mises en place par les chavistes.

Le Venezuela dispose des plus importantes réserves de pétrole brut du monde et ses revenus pétroliers constituent l’essentiel de ses recettes. Avant 1999, les revenus de l’or noir ne profitaient qu’aux compagnies pétrolières. Chavez avait contraint les exploitants privés à payer leur dû à la collectivité. Il n’avait pas choisi, comme la Norvège, de provisionner la rente ou, comme le Qatar, de l’investir dans des infrastructures extravagantes, mais de l’affecter du moins en partie à des programmes sociaux, notamment dans les domaines de la santé, de l’éducation, le logement ou les produits de première nécessité. Ces « missions » ont permis, par exemple, que la population bénéficie de 50 % de calories de plus qu’avant 1999. C’est aussi ce qui avait assuré au régime chaviste de gagner presque toutes les consultations électorales avec le soutien des quartiers populaires.

Mais avec la chute du prix du brut, la situation économique et sociale s’est beaucoup dégradée. Les pénuries de denrées de première nécessité se sont aggravées. Les queues se sont allongées à l’entrée des magasins, suscitant parfois violences et affrontements. Les prix se sont envolés, ils ont doublé en 2015. Si le régime a le contrôle du pétrole, les deux tiers du produit intérieur brut sont entre les mains des capitalistes privés. Le gouvernement chaviste leur ayant laissé le champ libre, les trafics et la contrebande se sont amplifiés et le camp des possédants s’est encore renforcé.

Pour empêcher ce retour en arrière des conditions de vie des classes populaires, il aurait fallu dessaisir les milieux d’affaires de leur pouvoir économique, mais le régime chaviste s’est contenté de les taxer un peu. Et la droite s’est renforcée de son discrédit, ce qui a conduit à sa défaite électorale.

Dans sa campagne, la droite a prétendu qu’elle ne s’attaquerait pas aux programmes sociaux. Mais elle pourrait les remettre en cause et il n’est pas sûr qu’elle s’en privera. Car après ce succès au Venezuela, qui suit de peu celui de la droite en Argentine, la droite latino-américaine se sent encouragée à remettre en cause les réformes sociales qui avaient pu être concédées aux classes populaires. Les travailleurs vont devoir maintenant se préparer à résister à ces attaques.

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