Martinique et Guadeloupe : entre listes de notables09/12/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/12/2471.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Élections régionales

Martinique et Guadeloupe : entre listes de notables

C’est encore l’abstention qui domine à près de 53 % en Guadeloupe et 59 % en Martinique. Une grande partie de l’électorat, écœurée par les politiciens ou démoralisée, ne s’est pas déplacée. Parmi elle, une fraction ne vote pas par révolte contre la chose politique officielle, qui ne change rien à son sort. C’est une constante dans les départements français des Antilles qui comptent 25 % de chômeurs et des milliers de gens vivant dans la précarité.

En Martinique, il n’y avait pas à proprement parler d’élections régionales mais une élection à l’assemblée de la collectivité territoriale de Martinique, la CTM.

Deux listes construites sur deux grands rassemblements de maires et de notables ont largement dominé la campagne et le scrutin : l’une était conduite par le député Alfred Marie-Jeanne (en créole, le gran sanblé – le grand rassemblement) à connotation indépendantiste modérée. L’autre regroupement, EPMN (Ensemble pour une Martinique nouvelle) était conduit par Serge Letchimy, le député-maire de Fort-de-France et dirigeant du PPM (Parti progressiste martiniquais), le parti fondé par Aimé Césaire, eux aussi affichant des idées autonomistes modérées. PPM et Letchimy, tout comme l’était Aimé Césaire, sont très proches du Parti socialiste français. La liste Letchimy remporte le premier tour avec 38,96 % des suffrages devançant celle de Marie-Jeanne, 30,28 %.

La liste de Yan Monplaisir, un capitaliste local, tête de liste des Républicains de Sarkozy a réalisé plus de 14 % et arrive en troisième position. Cette dernière liste et celle de Marie-Jeanne ont décidé de fusionner contre Letchimy au deuxième tour.

Marie-Jeanne et son clan se confirment ainsi comme des serviteurs politiques de la bourgeoisie. Et s’il n’y a pas eu de fusion Monplaisir-Letchimy c’est en fonction d’autres calculs électoraux et rien d’autre, car le clan Letchimy est de la même eau.

Ces prétendants à la direction de la CTM ne peuvent en aucune manière défendre les intérêts des travailleurs et des classes populaires. Ils en sont les ennemis à combattre.

Malheureusement, le Parti communiste martiniquais, le PCM, qui pendant longtemps dans le passé a représenté une force combative des travailleurs, a fait taire la lutte des classes et, dans ces élections, il s’est fondu dans le regroupement nationaliste de Marie-Jeanne. Il va aujourd’hui jusqu’à accepter l’alliance avec le représentant politique du capitalisme et capitaliste lui-même, en Martinique Yan Monplaisir.

En Guadeloupe, le fait marquant à part l’abstention est l’avance d’un notable qui monte, le député-maire de Baie-Mahault Ary Chalus (43,55 %), sur le député Victorin Lurel (41,09 %), président du conseil régional depuis douze ans, ex-ministre et patron du Parti socialiste local, très proche de Hollande. Ce dernier est devancé de 3 456 voix.

Une partie de l’électorat a donc sanctionné la liste PS et a mis ses espoirs dans Ary Chalus, qui a constitué une liste multiforme avec une ex-ministre de Sarkozy, Marie-Luce Penchard, fille d’une autre ex-ministre, de Chirac celle-là, Lucette Michaux-Chevry. Quand on ajoute à cela des morceaux de gauche socialiste dissidents et éparpillés, on a une fédération hétéroclite mais électoralement payante qui effectivement pouvait battre Lurel et l’appareil du PS même s’il n’y a aucune différence réelle entre la liste Chalus et la liste Lurel.

Les Républicains, le parti de Sarkozy, abandonnés par Marie-Luce Penchard et sa mère, atteignent péniblement 4,47 %. Le Front national, contrairement à sa progression en France, fait un petit score de 1 973 voix et 1,40 %.

La liste dirigée par Myre Quidal, secrétaire général de l’UPLG (indépendantiste) obtient 0,5 %. Les indépendantistes, y compris ceux de l’UPLG, étaient divisés dans cette campagne, certains d’entre eux soutenant Chalus.

Pour le deuxième tour, Combat ouvrier a demandé à ceux qui l’ont soutenu au premier tour de n’accorder leur confiance ni à Chalus ni à Lurel en Guadeloupe et en Martinique de n’accorder aucune confiance aux deux listes de Marie-Jeanne et de Letchimy, autant de listes qui sont celles de serviteurs politiques de la bourgeoisie et des riches.

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