Les leçons du premier tour des élections régionales09/12/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/12/2471.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

Les leçons du premier tour des élections régionales

Les résultats de ce premier tour des élections régionales reflètent l’évolution réactionnaire de la société en même temps que la désorientation de l’électorat populaire et la perte de repères de la classe ouvrière.

Son expression la plus frappante est la progression en voix du Front national dans la quasi-totalité des régions, ce qui lui a permis d’arriver en tête dans six d’entre elles.

L’expression électorale du recul ne se limite cependant pas à cela. La campagne électorale de la droite a été entièrement dominée par sa compétition avec l’extrême droite sur le terrain de cette dernière.

Quant au Parti socialiste, non seulement il a repris à son compte le langage sécuritaire du FN, mais étant au pouvoir, il en a réalisé l’application en instaurant l’état d’urgence, d’une efficacité limitée pour combattre le terrorisme mais qui étouffe la contestation de la politique gouvernementale sur sa gauche et pèse sur les mouvements sociaux.

Le FN encaisse les dividendes électoraux de la banqueroute du PS au pouvoir. Une partie de l’électorat traditionnel du PS et du PC, écœurée par la politique du gouvernement, ses reniements et sa servilité vis-à-vis du grand patronat, s’est abstenue. D’autres électeurs se sont ajoutés à l’électorat traditionnel de l’extrême droite. C’est une partie de son propre électorat que la gauche réformiste a poussée dans les bras du FN.

C’est l’aboutissement de décennies d’évolution politique où les partis qui prétendaient représenter le monde du travail ont renié au fil du temps toutes les valeurs du mouvement ouvrier et foulé aux pieds les intérêts des travailleurs dès qu’ils étaient au gouvernement.

Le FN est un parti aussi dévoué aux intérêts de la grande bourgeoisie que les partis de droite et le PS, mais avec un langage plus réactionnaire encore et, si les circonstances s’y prêtent, avec des méthodes plus ouvertement antiouvrières.

La classe ouvrière n’a cependant rien perdu de la force que lui donnent son nombre et sa place incontournable dans l’économie. La tâche la plus importante de notre époque pour les militants ouvriers est d’œuvrer pour qu’elle retrouve confiance en elle-même et la conscience du rôle qu’elle est la seule à pouvoir jouer, celui de transformer la société.

Le règne de la bourgeoisie, c’est non seulement l’exploitation et la dictature des actionnaires sur la société mais c’est aussi une société de plus en plus barbare. En contestant le pouvoir de la bourgeoisie, la classe ouvrière est la seule capable d’inverser le cours de cette évolution sociale de plus en plus injuste, inégalitaire, irrationnelle et inhumaine.

Les travailleurs n’ont jamais eu à espérer un changement de leur sort par les élections. Ils n’ont pas non plus à s’en désespérer. Le rapport de force entre la bourgeoisie exploiteuse et les masses exploitées ne se détermine pas dans les urnes, mais dans les affrontements de classe.

Dans les régions où le FN risque de conquérir l’exécutif régional, ce sont les coalitions de droite qui viennent en deuxième position.

Tout en rejetant le Front national, il n’est pas question pour Lutte ouvrière de défendre auprès de son électorat l’idée que des hommes de droite, avec des idées aussi crasseuses que celles du FN, puissent servir de rempart contre le parti d’extrême droite. Quant à voter pour une liste socialiste, ce serait remercier le PS d’avoir fabriqué le succès de l’extrême droite.

Gauche gouvernementale, droite ou extrême droite, elles sont toutes prêtes à s’en prendre aux immigrés, aux associations, aux libertés publiques. Celles d’entre elles qui ont une parcelle de pouvoir le font déjà. Ce n’est pas aux travailleurs conscients de choisir laquelle des cliques bourgeoises prendra les mesures contre les classes populaires.

Il ne reste aux électeurs du monde ouvrier, qui refusent au deuxième tour de choisir entre la peste et le choléra, qu’à glisser dans l’urne un bulletin affirmant leur appartenance au « camp des travailleurs ».

Les élections passées, les travailleurs auront à se défendre contre le grand patronat et l’État par le seul moyen efficace : la lutte collective.

Quant à Lutte ouvrière, elle continuera à œuvrer pour que le « camp des travailleurs » se donne un parti qui représente réellement ses intérêts.

Même s’ils ne constituent qu’une petite fraction de l’électorat populaire, ceux qui ont voté pour les listes Lutte ouvrière peuvent être fiers de représenter l’avenir, la renaissance du mouvement ouvrier capable de combattre la société d’exploitation et d’y mettre fin.

Éditorial des bulletins d’entreprise du 7 décembre 2015

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