Mardi 1^er décembre les résidents du foyer du Gros-Saule à Aulnay-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis, ont pu voir ce que signifiait l’état d’urgence. Dans ce foyer où vivent 340 travailleurs immigrés, une intervention policière musclée a eu lieu, à la demande du gérant du foyer en conflit avec les résidents. Ceux-ci s’opposaient à un projet de déménagement de leur foyer vétuste, fait sans concertation et sans tenir compte de leurs demandes, notamment le maintien d’une cuisine collective et l’assurance que les loyers ne seraient pas augmentés.

La direction du foyer a choisi de passer outre et a commencé le déménagement le lundi 30 novembre. Dès le lendemain les travailleurs ont bloqué les entrées dans l’attente de négociations avec le gérant. Celui-ci, en guise de discussion, a envoyé un huissier puis une soixantaine de policiers sont intervenus violemment pour évacuer les résidents. Deux ont été placés en garde à vue, six autres ont été blessés dont un homme de 70 ans, ainsi que deux policiers. Coups de matraque, gaz lacrymogène, perquisitions dans des chambres etc., rien ne justifiait une intervention aussi violente si ce n’est qu’un policier a affirmé : « De toute façon, c’est l’état d’urgence, vous n’avez pas le droit de manifester ! ».

L’urgence en l’occurrence, c’était pour le gérant du foyer de faire taire les résidents en colère ; pour ce faire, il a pu compter sur l’intervention rapide de la police. Mais une semaine plus tard, le 8 décembre, les résidents étaient toujours là et toujours aussi décidés à ne pas partir sans garantie.