Arabie saoudite : des candidates muettes09/12/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/12/2471.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Arabie saoudite : des candidates muettes

Le 12 décembre, on votera en Arabie saoudite pour élire des conseillers municipaux. La campagne a commencé dimanche 29 novembre et, pour la première fois dans ce pays, des femmes sont candidates : elles sont 900 pour un total de 7 000 candidats.

En Arabie saoudite, les conseils municipaux, qui n’ont que dix ans d’existence, ont la charge des travaux d’entretien des rues et des parcs, ainsi que de la collecte des ordures. Pour ce scrutin, les électeurs désigneront les deux tiers des conseils municipaux tandis que le dernier tiers sera désigné par les autorités.

En 2011, en réaction à la révolte qui débutait dans le monde arabe, et pour empêcher son éventuel développement, le roi Abdallah avait accordé le droit de vote aux femmes. En 2013, il nommait trente femmes qui siègent désormais aux côtés des 120 hommes du conseil consultatif, une assemblée non élue.

Le sort des femmes en Arabie saoudite est régi par une version particulièrement intégriste de l’islam. Elles ne peuvent sortir en public que couvertes de la tête aux pieds. Elles ne peuvent travailler, se marier ou voyager qu’avec l’autorisation de leur mari ou d’un homme de la famille. Les centres commerciaux sont interdits aux hommes. Et ce sont les seules femmes au monde qui n’ont pas le droit de conduire une automobile.

Ces interdits jouent leur rôle dans la campagne électorale, sur les déplacements des candidates mais aussi sur le fait qu’elles ne peuvent parler elles-mêmes dans les réunions publiques face à des hommes. On leur impose en effet d’avoir des porte-parole masculins ! Le transport des électrices constituera aussi un barrage.

Si la participation des femmes à ce scrutin sera un tout petit pas en avant pour celles qui, d’une façon ou d’une autre, y auront participé, des lois moyenâgeuses continueront à peser sur cette société où le blasphème et l’athéisme sont punis de mort, généralement par décapitation. Depuis le début de cette année, 144 exécutions ont eu lieu. Un poète saoudien de 35 ans vient d’être condamné à une telle peine. Et cela pendant que les grandes puissances qui font, paraît-il, si grand cas des libertés démocratiques, savent regarder dans une autre direction pour ménager leur allié saoudien, si bon client par ailleurs ; un strabisme qui atteint les États-Unis comme la France.

Partager