Plateau de Saclay : cinéma sécuritaire02/12/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/12/2470.jpg.445x577_q85_box-0%2C62%2C822%2C1128_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Plateau de Saclay : cinéma sécuritaire

Les autorités l’ont décidé, le plateau de Saclay doit devenir un « pôle mondial d’excellence » de la recherche française. De multiples institutions, comme le centre de recherches d’EDF, l’École normale supérieure ou l’École centrale, vont quitter leurs campus actuels pour s’installer sur ce plateau situé à 20 km au sud-ouest de Paris. Beaucoup d’argent est donc aujourd’hui versé à Bouygues et d’autres bétonneurs, avec, à terme, de fructueuses opérations immobilières sur les espaces laissés vacants.

En sortira-t-il de meilleures conditions pour la recherche ? Pour l’heure, les travailleurs concernés par les travaux et les déménagements ont à subir de fortes nuisances. Au commissariat à l’Énergie atomique (CEA) ou à Supélec par exemple, les détournements de lignes de bus entraînent un allongement du temps de transport. La situation dans les transports ne risque pas de s’améliorer quand des milliers de salariés supplémentaires arriveront sur le plateau, d’autant que la ligne 18 du métro ne devrait y arriver que dans dix ans.

Suite aux attentats, où des mesures de sécurité exceptionnelles ont été prises notamment au CEA, les temps d’attente pour entrer et sortir du centre ont encore augmenté. Dans ce contexte, la décision du préfet de l’Essonne de créer pendant toute la durée de la COP 21 deux zones de protection ou de sécurité, avec barrages filtrants de gendarmerie autour du CEA et de l’École polytechnique, a été ressentie comme une nuisance de plus. Pour combattre la menace dérisoire de l’installation dans une ferme voisine de 300 militants écologistes venus en région parisienne à vélo ou en tracteur dire ce qu’ils pensaient de la COP 21, une législation d’exception est mise en œuvre, s’appuyant sur l’état d’urgence, qui permet des fouilles de véhicules, des refus d’accès au site et des interpellations de tous ceux qui ne peuvent pas justifier leur présence sur les lieux.

Sur le campus de CentraleSupélec, la direction a ajouté sa touche au délire sécuritaire en demandant au personnel « la plus extrême vigilance vis-à-vis des comportements et actions suspects, même anodins », l’invitant à « alerter directement les forces de police sur toute action douteuse ou modification notable dans leur paysage habituel », demandant au personnel technique de faire des rondes, et mettant même en place une adresse mail de délation. Trop c’est trop et, dans l’ensemble, c’est surtout cet amalgame entre militants et terroristes que le personnel a ressenti comme hautement suspect.

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