Notre drapeau est rouge !02/12/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/12/2470.jpg.445x577_q85_box-0%2C62%2C822%2C1128_crop_detail.jpg

Leur société

Notre drapeau est rouge !

Cherchant à tirer un maximum de profit de l’émotion suscitée par les attentats, Hollande voulait que des drapeaux bleu-blanc-rouge soient mis aux fenêtres vendredi 27 novembre, jour de l’hommage rendu aux victimes. Son opération, qui soit dit en passant ravissait le Front national, a fait long feu. Vraiment très peu de gens ont suivi les consignes du gouvernement. Et c’est tant mieux.

Le drapeau bleu-blanc-rouge est le symbole de la bourgeoisie française. Depuis la Révolution française, à l’exception de la période de la Restauration, de 1815 à 1830, tous les régimes politiques qui se sont succédé en France ont utilisé ce drapeau.

Le mouvement ouvrier, dès qu’il a eu une certaine conscience du combat qui l’opposait à la bourgeoisie, a tenu à avoir son propre drapeau à opposer à celui de la bourgeoisie. En France et partout ailleurs dans le monde, le drapeau rouge est devenu cet étendard, justement parce que la classe ouvrière est une classe internationale.

La première fois que la classe ouvrière postula à la direction de la société, au moment de la révolution de 1848 à Paris, un de ses représentants les plus dévoués, Auguste Blanqui, défendit le drapeau rouge symbole de la « république sociale », de la république ouvrière, contre le drapeau de la république bourgeoise. Alors que le gouvernement républicain bourgeois, vantant le drapeau bleu-blanc-rouge, tentait d’endormir la classe ouvrière avant de la réprimer, Blanqui déclarait : « Le peuple a arboré les couleurs rouges sur les barricades de 48, comme il les avait arborées sur celles de juin 1832, d’avril 1834, de mai 1839. Elles ont reçu la double consécration de la défaite et de la victoire. Ce sont désormais les siennes. (…) On dit que c’est un drapeau de sang. Il n’est rouge que du sang des martyrs. » Quelques mois après ce discours, la république bourgeoise faisait massacrer des milliers d’ouvriers parisiens en juin 1848.

Les partis du mouvement ouvrier international, tant qu’ils représentaient les intérêts des exploités contre les exploiteurs, ont toujours opposé le drapeau rouge aux drapeaux nationaux. Quand ils ont renoncé à le faire, en août 1914 pour le Parti socialiste et en 1935 pour le Parti communiste, cela a été pour rallier le camp de la bourgeoisie et se mettre à son service.

Aujourd’hui, certains brandissent le drapeau de la bourgeoisie au nom d’idées patriotiques, nationalistes, racistes ou xénophobes. Mais beaucoup le font par ignorance de leurs intérêts d’exploités. En sont responsables les partis qui se revendiquaient de la classe ouvrière et qui, en trahissant ses intérêts, ont introduit la confusion dans les rangs des militants ouvriers, au point de leur faire oublier ses symboles.

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