L’état d’urgence : contre les travailleurs et les opposants02/12/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/12/2470.jpg.445x577_q85_box-0%2C62%2C822%2C1128_crop_detail.jpg

Leur société

L’état d’urgence : contre les travailleurs et les opposants

Instauré à la suite des attentats au nom de la lutte contre le terrorisme, l’état d’urgence a surtout été utilisé pour empêcher l’expression d’opposants à la politique du gouvernement. Le secrétaire de la CGT, Martinez, s’est d’ailleurs inquiété qu’il puisse représenter « un danger pour le mouvement social ».

Le 28 novembre, le ministre de l’Intérieur Cazeneuve se vantait de quelque 2 000 perquisitions effectuées en deux semaines. Les médias font état de la brutalité et de l’improvisation avec lesquelles ont été menées les interventions : enfoncements de portes à coups de bélier, faux plafonds éventrés et meubles renversés, personnes plaquées au sol et menottées, ou blessées, et 212 mises en garde à vue. De l’aveu même des policiers, la majorité de ces arrestations sont sans lien direct avec des activités terroristes et concernent des affaires de banditisme. Et il faut ajouter à ce bilan les sans-papiers interpellés au passage et reconduits à la frontière.

L’état d’urgence a donné aussi la possibilité d’interdire des manifestations qui ne constituaient en aucune façon une menace terroriste, comme celle du 22 novembre en solidarité avec les migrants. C’est d’autant plus choquant que beaucoup de ceux-ci cherchent à gagner l’Europe pour fuir les exactions de Daech en Syrie.

Ce sont des militants anti-COP 21 qui ont ensuite fait les frais des nouvelles dispositions. En Dordogne, des maraîchers bio ont subi une perquisition pour avoir participé à une action contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes… il y a trois ans. Avant même l’ouverture de la COP 21, vingt-quatre personnes ont été assignées à résidence. Et c’est une manifestation pacifique pour l’écologie qui a été agressée dimanche par la police, sous prétexte de la présence d’une petite minorité de casseurs parmi plusieurs milliers de manifestants. Sur les 341 personnes interpellées, seules neuf d’entre elles ont vu leur garde à vue prolongée le lendemain, sans que l’on sache encore ce qui leur était reproché et encore moins la véracité de ces reproches.

Cazeneuve, Valls ont d’ores et déjà évoqué l’éventualité d’une prolongation de l’état d’urgence au-delà de trois mois et, à droite, certains surenchérissent, comme Guaino qui réclame un an et demi. Récemment, patronat et gouvernement ont traité comme des voyous des salariés d’Air France qui protestaient contre les licenciements. Avec l’état d’urgence, le gouvernement confirme et renforce les moyens de répression contre les travailleurs.

Partager