Élections professionnelles à la SNCF : déception pour la direction02/12/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/12/2470.jpg.445x577_q85_box-0%2C62%2C822%2C1128_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Élections professionnelles à la SNCF : déception pour la direction

Le 19 novembre, 151 000 cheminots étaient appelés à élire leurs représentants du personnel. Mais pour la première fois, toutes les élections avaient lieu en même temps : délégués du personnel, délégués au CE, délégués au conseil d’administration SNCF, etc.

Il s’agissait là des premières élections depuis la mise en œuvre de la réforme ferroviaire et la grève de juin 2014 contre ce que cette réforme implique pour les cheminots, en matière de dégradations des conditions de travail, en particulier. C’est pourquoi, même de façon indirecte et déformée, avec des résultats pas toujours comparables à ceux des années précédentes, ces élections donnent une indication sur l’état d’esprit des travailleurs.

La direction ne cachait pas son espoir de voir reculer la CGT et Sud-Rail, dont les militants sont souvent apparus comme contestant sa politique dans la dernière période, en particulier lors de la grève de juin 2014. La CFDT et l’UNSA, qui ont soutenu cette réforme et se sont opposés aux grèves, les accusaient « de regarder dans le rétroviseur et de n’avoir que quelques grèves avortées à leur bilan ». La direction et ses sbires pariaient donc sur la démoralisation des cheminots, suite à l’échec de la grève de 2014. Ils espéraient que le total des voix CGT et Sud-Rail, aux élections du CE en particulier, passe sous la barre des 50 %, afin qu’ils ne soient pas en mesure de dénoncer de futurs accords d’entreprise. Certains pensaient même que l’UNSA pourrait détrôner la CGT comme premier syndicat. Ils en ont été pour leurs frais, le total des voix CGT, Sud-Rail ayant atteint 51,16 %.

Le Figaro cachait mal son amertume en titrant « SNCF : la CGT garde son bastion » et déplorait que la CGT ait « limité la casse et stoppé l’hémorragie face à la montée en puissance des syndicats réformistes ». En guise de consolation, ils soulignaient la poursuite de l’érosion de la CGT (-1,31 %) et de Sud (-0,16 %) ainsi que la progression continue du pôle « réformiste ».

Toute la presse a tenu à signaler qu’en dix ans les syndicats dits contestataires avaient perdu 10 %. En réalité, cette baisse n’est pas essentiellement due à une perte d’influence auprès des cheminots de la base. Elle reste faible par rapport à 2004, mais surtout, il y a un peu plus de dix ans, les cheminots ouvriers et employés étaient plus de 100 000 pour 26 000 cadres, soit un cadre pour quatre cheminots. Aujourd’hui, il n’y a plus que 73 300 cheminots de base pour 31 700 cadres, soit un cadre pour un peu plus de deux cheminots. On peut ainsi affirmer que l’érosion des syndicats contestataires résulte de la progression régulière du nombre de cadres à la SNCF.

Ces élections professionnelles montrent en tout cas que, contrairement aux espoirs de la direction, les cheminots ne sont pas abattus. De toute façon, l’épreuve de vérité ne se situera pas sur les PV électoraux, pas plus que dans les salons feutrés des négociations, mais dans la lutte, dans les ateliers, les gares et les chantiers.

Dans le secteur ferroviaire, comme dans toutes les entreprises publiques ou privées, c’est l’ensemble de la réglementation du travail qui est dans le collimateur des directions et du patronat. L’enjeu réside dans la préparation d’un mouvement d’envergure, seul capable de stopper la démolition des droits des travailleurs. Les travailleurs du rail comptent bien y tenir toute leur place.

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