Renault – Flins : intérimaires en colère18/11/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/11/2468.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Renault – Flins : intérimaires en colère

Sur environ 4 000 travailleurs sur le site Renault de Flins, dans les Yvelines, la majorité des ouvriers de la production – 1 756 sur 3 100 environ – sont intérimaires. Il n’est donc pas étonnant que le débrayage de plusieurs centaines d’entre eux, vendredi 13 novembre au matin, ait lourdement perturbé la sortie des véhicules Clio 4 et Zoe.

Depuis des années, la direction à l’usine de Flins n’embauche plus. En 2015, à l’entendre, on allait voir ce qu’on allait voir avec le lancement de la production de la Nissan Micra. Mais la centaine d’embauches prévues, déjà très insuffisante pour compenser les centaines de départs, n’est toujours pas effective. C’est aux travailleurs intérimaires, qui n’ont jamais été aussi nombreux à Flins, que les postes les plus durs sont réservés. Dans le même temps, la direction tente de jouer sur la précarité des missions en avançant la possibilité d’embauches. Mais le leurre ne dure qu’un temps, et les intérimaires qui seraient tentés se rendent compte qu’ils n’ont en réalité aucune chance d’être un jour embauchés. La direction a pris bien soin de préciser qu’il fallait pour cela des diplômes que la grande majorité n’a pas. En même temps, elle fait tout pour que les payes soient le plus légères possibles, en baissant la qualification à l’embauche et en empêchant toute évolution du salaire par le jeu des coefficients bloqués.

C’est pourquoi, depuis des mois, les travailleurs intérimaires protestent contre les nombreux problèmes sur leur paye. De prétendues erreurs aboutissent toutes comme par hasard à amputer des salaires déjà maigrelets. Heures supplémentaires non enregistrées, samedis travaillés non comptabilisés, primes de nuisance, douche ou travail de nuit non versées, contrat qui se fait attendre ou erroné, les « oublis » des chefs Renault se traduisent toujours en négatif sur les feuilles de paye des sociétés d’intérim.

Le 12 novembre au soir, date où leur feuille de paye leur était remise, les intérimaires de l’équipe de nuit ont constaté une fois de plus de multiples manquements malgré les promesses de Renault et de leur société d’intérim. De plus, leur salaire était amputé du prélèvement du transport par car… alors que Renault n’assure aucun transport collectif pour l’équipe de nuit.

Plus durait la lecture de la feuille de paye, plus le mécontentement montait. Les chefs tournaient sans oser tenir cette fois leur discours menaçant habituel : il convenait de se mettre au travail ou de se déclarer en grève ! En fin de soirée, des représentants des entreprises d’intérim sont venus, persuadés cette fois encore de s’en sortir par la parlotte. C’était peine perdue : comme rien de concret ne se présentait, le travail n’a pas repris et les travailleurs intérimaires de l’équipe du matin, à leur tour, se sont retrouvés, discutant par petits groupes, à passer de secteur en secteur. Des embauchés Renault se sont joints à eux, et, de fait, ce sont environ 350 travailleurs intérimaires qui ont arrêté la production le vendredi 13, soutenus par une centaine d’embauchés. Tant et si bien que la direction se plaint d’avoir perdu 500 véhicules.

Les travailleurs intérimaires ont établi une liste de revendications portant notamment sur le paiement complet de leurs heures, la possibilité de vérifier celles-ci, le passage automatique au coefficient prévu, le paiement des primes « Flins Plus » et intéressement versées aux embauchés, le versement de l’allocation de fin d’année avant les fêtes, comme pour tous et non en janvier. Ils ont exigé des réponses et, même s’ils ont repris le travail après le week-end, ils restaient mobilisés.

Les travailleurs intérimaires viennent de rappeler à la direction, avec le seul langage qu’elle est capable de comprendre, que le minimum pour qu’ils viennent à l’usine, c’est quand même d’être payés, et aussi qu’ils n’hésitaient pas à réagir, malgré toutes les pressions possibles du fait de leur statut précaire.

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