Ventes d’armes de la France : le service est compris28/10/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/10/2465.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Ventes d’armes de la France : le service est compris

Lors du conseil franco-saoudien à Riyad le 13 octobre, il a été décidé un renforcement de la coopération entre les deux pays dans le domaine de la formation militaire.

Non seulement la France vend des armes à tous les régimes qui veulent bien ouvrir leur porte-monnaie, mais elle leur garantit aussi le service après-vente, qui inclut la formation au maniement de ses engins de mort.

De même que les industriels de l’armement, l’entreprise Défense conseil international (DCI) qui vend ces formations peut se frotter les mains suite aux ventes record décrochées par l’État : avec un chiffre d’affaires de 250 millions d’euros, elle a recruté 300 personnes en deux ans, portant ses effectifs à près de 1 000 salariés. Elle se vante d’être la seule entreprise à pouvoir « vendre le label armée française ». Une armée qui, outre son image, prête à l’entreprise locaux et matériels pour des formations d’officiers de marine ou de plongeurs calquées sur celles des militaires français, à quelques secrets près.

Depuis 2002, ces formations ont vu défiler 1 600 stagiaires des pays du Golfe, si bien que par exemple 25 % des officiers de marine du Koweït et 100 % de ses plongeurs militaires y ont été formés. 400 marins égyptiens seront formés à partir de mars 2016 au maniement des deux frégates que la France vient de vendre au régime du général Sissi, après avoir dû renoncer à les vendre à la Russie, guerre en Ukraine oblige.

Un reportage du Monde a décrit comment les élèves officiers sont bichonnés par DCI qui s’occupe de leur santé, de leur logement, de leurs tâches domestiques. Histoire sans doute de compenser la terrible interdiction qui leur est faite de venir accompagnés de personnel de maison du pays.

L’intérêt pour l’impérialisme français n’est pas qu’économique. Ses dirigeants connaissent bien les avantages de cette stratégie d’influence : ainsi que l’explique le patron de DCI, « quand on forme des élèves-officiers pendant cinq ans, un lien se crée. […] Ils repartent heureux, ce sont des éléments d’appui. » L’impérialisme français a une vieille tradition consistant à entretenir les liens avec des dirigeants d’États et d’armées de pays sous son influence. Ces liens se façonnent notamment sur les bancs des écoles d’officiers, et ensuite ils peuvent toujours servir.

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