Safety – Fondettes : Sandvik veut fermer une usine28/10/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/10/2465.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Safety – Fondettes : Sandvik veut fermer une usine

La direction de Safety-Prod vient d’annoncer la fermeture d’une des deux usines du site de Fondettes en Indre-et-Loire. Cela concerne 45 emplois, soit 24 % de l’effectif de l’établissement.

Safety-Prod est une filiale à 100 % de la multinationale suédoise Sandvik, numéro un mondial pour les outils coupants, avec plus de 47 000 salariés de par le monde et un chiffre d’affaires de 9,5 milliards d’euros pour l’exercice 2014. Ce n’est donc pas l’artisan du coin.

En mars 2015, le groupe avait annoncé son objectif de réduire le nombre de ses usines au niveau mondial de 150 à 125, sous le prétexte d’améliorer sa rentabilité.

À Fondettes, les travailleurs s’inquiétaient déjà pour leurs emplois car ils avaient connaissance de la fermeture d’usines aux États-Unis, en Suède, en Finlande et en Allemagne, ainsi que de deux au Brésil. Le départ précipité il y a un mois de la directrice de l’établissement, qui avait opté pour une mutation dans le groupe, avait fini par convaincre que des mauvais coups étaient en préparation.

D’autant que les effectifs n’ont cessé de baisser au fil des ans, les départs n’étant pas remplacés par des embauches. Il y a dix ans, Safety-Prod comptait encore 345 salariés sur les deux usines, et seulement 186 aujourd’hui. Le groupe n’a pas cessé de mettre en concurrence les différentes filiales et unités de production. En décidant d’attribuer les volumes de commandes sur ses propres critères, il lui est donc facile de mettre une unité dans le rouge en baissant les commandes sur plusieurs années, et ensuite de décréter sa fermeture.

Là comme ailleurs, la recherche de rentabilité a un objectif bien précis : accroître la part des actionnaires. Les chiffres sont éloquents : avant la crise de 2008, les actionnaires du groupe faisaient main basse en moyenne sur un peu moins de 50 % du résultat net, mais depuis deux ans ils pompent sous forme de dividendes plus de 70 voire 80 % des bénéfices réalisés. C’est ainsi qu’en pleine baisse d’activité le groupe a distribué sur deux ans 930 millions de dividendes, pour un bénéfice net de 1,16 milliard.

Enfin, le groupe Safety, comme bien d’autres, s’était mis sur les rangs pour ­obtenir le maximum d’aides publiques. Il l’a fait notamment grâce à la création en 2005 du Ceroc, Centre de recherche sur les outils coupants financé en grande partie par les collectivités locales et par la région à hauteur de 5,5 millions, le groupe se contentant d’apporter 3,5 millions pour les frais de fonctionnement. À l’époque, l’ensemble des élus de la région justifiaient ce cadeau à la multinationale car cela ne devait pas manquer de pérenniser l’emploi à Fondettes.

Lors du compte-rendu fait par les délégués à la suite de la réunion convoquée par la direction pour annoncer la nouvelle, les travailleurs ont appris qu’en plus le licenciement de 45 travailleurs de l’usine B permettrait au patron une économie de 2,5 millions. Cela en a révolté plus d’un.

D’autant qu’à l’usine A, qui produit des plaquettes d’outils coupants, les travailleurs sont depuis des années en sous-effectif permanent, ce qui se traduit au niveau de la production par de nombreuses semaines hautes à 40 heures.

L’idée d’imposer le reclassement à l’usine A de tous les travailleurs de l’usine B menacés de licenciement, est donc largement partagée. Mais il faudra l’imposer à Sandvik et, si la direction voudrait aller vite et éviter les vagues, elle craint aussi la réaction des travailleurs, qui ont encore deux mois devant eux pour organiser la riposte.

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