Air France : la direction toujours à l’offensive28/10/20152015Journal/medias/journalarticle/images/2015/10/air_france_p_10.jpg.420x236_q85_box-0%2C459%2C4896%2C3213_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Air France : la direction toujours à l’offensive

Lundi 26 octobre, le jour même où la direction d’Air France débutait ses entretiens préalables aux sanctions contre 18 salariés qu’elle accuse de violences ou de dégradations, son DRH (directeur des ressources humaines) a choisi de s’exprimer sur deux pleines pages du Parisien.

Illustration - la direction toujours à l’offensive

Ce cadre dirigeant, rendu célèbre pour avoir perdu sa chemise lors du comité central d’entreprise (CCE) où il annonçait 2 900 suppressions d’emplois, ne dit pas un mot des témoins revenus sur leurs déclarations contre des salariés qu’Air France veut licencier avant même leur procès. Rien non plus des vidéos qui témoignent en faveur de travailleurs parfois arrêtés au petit matin, placés deux jours en garde à vue et agonis d’insultes par le gouvernement, le patronat, la droite et l’extrême droite.

Alors que ces salariés, mis à pied parfois sans salaire, risquent trois ans de prison, 45 000 euros d’amende et un licenciement, on ne peut qu’être écœuré des omissions délibérées du DRH. Mais sa présentation des faits est dans l’ordre des choses. Car « les vérités du DRH d’Air France », selon la une du quotidien, riment avec les mensonges de son patron. Et lui n’en démord pas : il veut imposer à tous ses salariés, pilotes ou non, des hausses de productivité de 10 à 20 %. Et s’ils refusent, il veut le leur faire payer.

Dans cette interview, ce haut cadre se présente en incompris, alors qu’il ne chercherait qu’une chose, « que la boîte reparte de l’avant ». Il aurait pu ajouter : et que ses salariés filent doux. Car il peut faire assaut d’hypocrisie, il ne trompe personne.

Politique de communication oblige, il en fait des tonnes. Il exhibe sa qualité de membre du PS comme si c’était un label social ! Il décrit même les syndicalistes comme « des bienfaiteurs de l’humanité », ajoutant que des responsables syndicaux, dont certains même de la CGT prétend-il, lui auraient envoyé des sms de soutien après le CCE du 5 octobre. Autant ménager ceux avec lesquels il négocie, et dont il espère qu’ils finiront par avaliser les nouveaux sacrifices que la compagnie veut imposer à ses salariés.

Trois contrats pour les pilotes

Car c’est encore et toujours de cela qu’il s’agit quand il annonce, au nom d’Air France, proposer trois contrats de travail aux pilotes. Premier cas : leur salaire ne baisse pas s’ils acceptent de travailler plus longtemps. Deuxième cas : ils gagnent un peu plus pour beaucoup plus de travail. Dernier cas : ils refusent ces sacrifices et leur salaire baisse.

Le DRH de la compagnie se moque bien de savoir – et il ne peut l’ignorer – que, même s’ils le voulaient, de nombreux pilotes ne pourraient pas faire une centaine d’heures de vol de plus à salaire constant : chaque année, ils sont des dizaines, voire des centaines à devoir arrêter de travailler avant décembre, car ils ont déjà atteint la limite maximum légale de 850 heures annuelles de vol. Et il ne dit pas quel passager aurait envie de monter dans un avion ayant aux commandes un pilote devant enchaîner les heures pour compenser une baisse de salaire.

En revanche, ce porte-parole de la compagnie dit vouloir étendre ce système aux hôtesses et stewards. Et ensuite, à qui le tour ?

Tout le personnel est visé

En fait, tout le personnel est visé. Et l’on voit bien pourquoi quand, après avoir reconnu qu’Air France va « enfin afficher des résultats positifs », loin donc de la faillite qu’agite la direction, il cite en exemple British Airways qui « a une rentabilité à deux chiffres ». Faire au moins du 10 % de profits, c’est l’objectif de la direction de la compagnie. Alors qu’elle affiche déjà un taux de remplissage record de ses avions, avec plus de 90 % des sièges occupés et un chiffre d’affaires au plus haut, elle entend s’assurer une marge accrue sur le dos du personnel.

En cela Air France ne fait pas exception. Partout les patrons s’attaquent aux salaires et conditions de travail. Le patronat fait la guerre aux travailleurs. Ce n’est pas leur chemise, c’est leur peau qui est en jeu. Et il voudrait que les travailleurs se laissent faire ?

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